5 caractéristiques d’un réformateur
Tout au long de l’histoire de l’Eglise, le Seigneur a toujours été vigilant pour garder ses brebis. Régulièrement au cours de l’histoire, il a suscité ce que l’on appelle des “réformes” pour ramener son église davantage vers l’Evangile.
A la tête de chaque réforme, on trouve des réformateurs humains, serviteurs dont Dieu s’est servi pour achever à bien son plan.
On connaît bien entendu Luther et Calvin par cœur, et il y a des chances que les noms de Bucer, Zwingli, Melanchton, Knox évoquent bien des souvenirs à beaucoup d’entre vous.
Mais oseriez-vous également rajouter à cette liste les noms de Colomban ou Bernard de Clairvaux, tous deux réformateurs du moyen-âge ? Certes, ils étaient catholiques mais pourtant eux aussi partagent des caractéristiques communes à Luther et Calvin.
Le but de cet article est d’explorer les particularités d’un réformateur, son “profil.”
1- Un réformateur est un homme de la Bible
Si je n’ai pas à défendre ce point concernant Luther, qui est l’auteur de la formule “Sola Scriptura”, est ce totalement vrai des époques précédentes ?
Ma réponse est oui, dès lors que l’on remet dans le contexte et qu’on ne les juge pas sur une révélation qu’ils n’ont pas eu.
Colomban (moine irlandais qui a déclenché un réveil dans la gaule mérovingienne du VI e siècle) faisait des discours remplis d’Ancien Testament
La principale lecture de Bernard de Clairvaux (réforme cistercienne, XIe siècle) était la Bible, à laquelle il avait accès en tant que moine (eux seuls la conservaient et l’écrivaient à l’époque).
Bien entendu, tous les réformateurs du XVIe siècle ont accouché de la formule “Sola Scriptura” et les réveils des époques suivantes ne l’ont pas perdus de vue.
Aucun d’entre eux ne considérait la Bible comme un livre parmi d’autres, ou bien comme un recueil de textes anciens ayant besoin d’une tradition pour être interprétés.
Un vrai réformateur prend la Bible au sérieux, et l’établit comme règle en toute chose, et soumet toute chose à elle. Il ne cite qu’elle et règle sa conduite et son enseignement sur l’Ecriture. C’est là une leçon de l’histoire de l’Eglise.
Celui qui met l’expérience personnelle de Dieu au-dessus la Bible n’est pas un réformateur, c’est un mystique.
Celui qui met la pensée de l’Eglise par-dessus la Bible n’est pas un réformateur, c’est un fossoyeur de l’Evangile.
2- Un réformateur est davantage préoccupé de l’honneur du Nom de Dieu que de lui-même
Calvin en est un exemple parfait : il se décrivait lui-même comme un homme timide et un paresseux, qui ne se défendait pas lui-même quand on l’agressait.
Pourtant, dès qu’il entendait une critique sur l’Evangile, il se métamorphosait en gardien féroce de la vérité, avec la verve et la sévérité qu’on lui connaît.
De même Luther haussait les épaules ou bien rentrait la tête face à toutes les critiques haineuses et les moqueries méchantes qu’on lui décochait, mais dès que l’Evangile était en jeu, il prêchait avec une colère capable de briser des chaires !
Bernard de Clairvaux a réservé ses plus belles pages contre la théologie d’Abélard (avec un acharnement que certains ont jugé excessif de son vivant même), mais n’a jamais pris autant de peine pour se défendre lui-même.
Celui qui perdu du temps et de l’énergie à se défendre contre les attaques ad hominem n’est pas un réformateur, c’est un homme qui s’aime lui-même plus que son Dieu.
L’égo d’un réformateur doit être son dernier souci, il laisse passer les méchancetés que l’on dit à son sujet, mais ne laisse passer aucune critique contre son Seigneur.
3- Un réformateur est un homme de foi et de feu
Si le calvinisme encore aujourd’hui séduit autant, ce n’est pas uniquement à cause de sa cohérence intellectuelle et de son orthodoxie biblique. C’est aussi parce que c’est un enseignement forgé dans la souffrance par un homme qui a profondément vécu ce qu’il enseignait.
Bien qu’il ait tout à fait le profil d’un universitaire destiné à publier un commentaire de Sénèque par an, Calvin s’est engagé radicalement pour son Seigneur, ce qui a énormément compliqué sa vie, et l’a rendu même ardue.
Nul ne peut contester la foi d’un Calvin, ou bien d’un Luther, ou bien d’un Farel : ils ont traversé tant d’épreuves que celle-ci saute aux yeux même des non-croyants. Nul ne peut contester non plus la foi d’un Colomban : toujours à prêcher l’Evangile, toujours chassé et exilé de place en place, il n’a pourtant pas perdu son feu sacré.
C’étaient aussi des hommes de feu : leur foi les amenait à produire des œuvres semblables à déplacer des montagnes, et c’est bien pour cela que l’on parle d’eux aujourd’hui.
Leurs discours sont aussi ardents que leurs pensées, et leurs opinions aussi tranchées que leur engagement envers Dieu.
Cela les a amenés à se faire appeler “fanatiques” et “intolérants” aujourd’hui, mais qui d’autre dans notre monde a autant d’engagement qu’eux ? On les qualifie aussi d’autoritaires voire de tyranniques.
Mais comment auraient-t-ils pu faire différemment ?
Un universitaire qui publie gentiment ses livres et reste dans son confort ouaté ne peut pas être un réformateur.
Un homme incapable d’être fidèle à sa vision ne peut pas être un réformateur. Est un réformateur celui qui retrousse ses manches et se précipite dans la fournaise si nécessaire.
4- Un réformateur est aussi un être humain perclus de faiblesses
Colomban était un moine irlandais adepte d’une règle très sévère faisant une large place à la mortification.
Bernard de Clairvaux a appelé au massacre de nombreuses personnes et a béni des guerres.
Luther était un colérique, et a prononcé des paroles malheureuses qui ont légitimé l’antisémitisme allemand pendant des siècles.
Calvin était un homme austère tellement craintif de ne pas en faire assez qu’il a parfois trop sévèrement puni.
Ce n’est parce que c’étaient des serviteurs de Dieu que cela faisait d’eux des saints, images parfaites du Christ. Bien qu’ils aient tous portés le message de l’évangile, ils ont tous été des vases fêlés que Dieu a néanmoins utilisés pour agrandir sa gloire.
En eux-mêmes, les réformateurs n’ont aucun mérite, et ne font pas partie d’une élite spirituelle. C’est peut être aussi pour cela qu’aucune réforme n’a jamais été complète, mais qu’au contraire elle a toujours porté des échecs en elle.
Vous n’avez pas à faire partie d’une élite spirituelle pour devenir réformateur. Vous n’avez pas de quoi vous glorifier si jamais vous en devenez un.
5- Un réformateur craint Dieu et non le Monde
Colomban a refusé de baptiser le bébé de Thierry II de Bourgogne (descendant de Clovis) car ils étaient issus d’un concubinage à tendance polygame.
Devant la princesse Brunehilde, la grand-mère et femme forte du pays, il n’hésitait pas à appeler les enfants du roi Thierry des “bâtards”. Cela lui a valu de devenir l’ennemi des mérovingiens.
Luther a virtuellement tenu seul contre tous. Calvin n’a jamais eu peur de déplaire ou de choquer, pour peu que la vérité évangélique soit maintenue.
Les réformateurs ont toujours été haïs, rejetés et jamais ils n’ont eu peur de cela : ils avaient une crainte bien plus grande de celui qui peut avoir le cœur et l’âme que de celui qui ne peut tuer que le corps (Matthieu 10:28)
Ne peut pas être un réformateur quelqu’un qui a peur du Monde et des autres. N’est pas un réformateur quelqu’un qui s’attire les louanges de tous. Un réformateur préfère être haï de soixante millions de personnes plutôt que de froisser son Dieu.
Vous avez donc à présent la recette pour faire un réformateur, et je ne peux que vous encourager vivement à acquérir tous ces points (sauf le pt 4, celui-là vous êtes né avec ^^)
Seul problème : aucun de ces ingrédients ne peut venir de vous, ils sont tous donnés par l’Eternel ! Dès lors, nous ne pouvons que prier pour que l’Eternel forme et envoie davantage de réformateurs.
Seigneur Dieu, envoie nous non pas un, mais des milliers, toute une génération de réformateurs qui restaureront ton église !