4 questions à René Frey au sujet du dialogue sur les alliances bibliques
Le dialogue autour de la doctrine de alliances (dont nous avons déjà parlé ici) aura lieu à Montréal le 13 novembre 2021. Pascal Denault et Guillaume Bourin y défendront la théologie de l’alliance (TA) dans sa version baptiste, tandis que Pierre Constant et Geoff Walker représenteront la théologie de la nouvelle alliance (TNA).
Nous recevons René Frey, l’organisateur de cet évènement, dans le cadre de nos traditionnelles 4 questions.
Alex Lopez (AL) : Bonjour René, tu coordonnes l’organisation d’une journée de débats et d’échanges autour de la doctrine des alliances le samedi 13 novembre 2021. Comment l’idée de cet évènement a-t-elle germé ?
René Frey (RF) : Je rends grâces à Dieu qu’il m’ait délivré de mes péchés en Jésus-Christ! Mon père était pasteur baptiste en Suisse et ensuite à Montréal. J’ai étudié la Bible à la Fac de Vaux-sur-Seine avec le professeur Henri Blocher. Donc je suis calviniste en ce qui concerne la sotériologie. En fait, j’ai écrit un petit livre pour traduire les cinq points du calvinisme, ce qui donne CERISE : Corruption totale, Election inconditionnelle, Rédemption particulière, Invitation irrésistible, Sécurité éternelle et Évangélisation universelle (cette dernière lettre est rajoutée car le texte d’Actes 18.10 lie la responsabilité humaine d’être témoin de Jésus à l’élection divine!)
Cependant, j’étais confus concernant le rôle des alliances dans le calvinisme. Dans les années ’70 et ’80, J’étais pasteur et j’enseignais à Sembeq. Je composais des cours programmés de théologie avec des collègues et un pasteur en particulier, Jean-Guy Poisson, m’a initié aux écrits de John Zens, pasteur réformé qui a osé poser la question Existe-t-il une alliance de grâce? En 2008, j’ai assisté à la conférence John Bunyan en Pennsylvanie où les conférenciers exposaient la théologie de la nouvelle alliance (TNA) en distinction avec les théologies réformées et dispensationalistes. Enfin, de la clarté! J’ai lu des auteurs TNA tels que John Reisinger, Blake White, Geoff Volker et Zach Maxcey. J’ai commencé à en parler à François Turcotte le directeur de Sembeq. L’idée a fait son chemin.
En 2019, j’ai fait partie du Colloque Sembeq qui présentait trois théologies : Pascal Denault (réformé baptiste), Gilles Despins (dispensationalisme progressif) et moi-même (la TNA). De plus, il y avait un conférencier d’honneur, Stephen Wellum, professeur à Southern Baptist Theological Seminary qui propose une théologie proche de la TNA, « l’alliancisme progressif ». Pour l’occasion, j’avais écrit et autopublié 350 copies de l’Introduction à la théologie de la nouvelle alliance. Le Dialogue du 13 novembre 2021 est une version plus concentrée et participative de ce Colloque.
Dans mes conversations avec Geoff Volker, Pierre Constant et d’autres, nous avons formulé le désir de dialoguer de nouveau et en particulier avec nos frères de la théologie réformée baptiste. Pascal Denault et Guillaume Bourin ont accepté d’avoir une conférence participative et c’est ce Dialogue qui aura lieu sous le signe de la discussion et de l’échange plutôt que du débat. Nous cherchons tous la meilleure façon évangélique de comprendre les enjeux théologiques suscités par la Réforme.
Richard Chouinard, pasteur de l’Église Baptiste de Rosemont, où j’ai moi-même été pasteur 35 ans, était d’accord d’accueillir l’évènement dans leur bâtiment, François Turcotte d’en être l’animateur (arbitre?), Dan Nguyen, l’assistant webmestre et Daniel Bernier, le registraire.
AL : Comment cette conférence va-t-elle se dérouler ?
RF : On peut assister samedi matin le 13 novembre 2021 de 9h30 à 12h15 en présentiel à l’Église Baptiste Évangélique de Rosemont au coin de St-Michel et St-Joseph à Rosemont (3245 St Joseph Blvd E, Montreal, Quebec H1Y 2B6). On peut aussi assister en ligne. Chacun des quatre participants (Pascal Denault et Guillaume Bourin pour la théologie réformée baptiste et Pierre Constant et Geoff Volker pour la théologie de la nouvelle alliance) a huit minutes pour présenter un hyperbref survol de sa théologie globale. Ensuite vient la première question : La croix est-elle entièrement suffisante pour le salut? Chaque speaker répond pendant quatre minutes et c’est suivi d’une période de questions libres de l’auditoire. La deuxième question présentée est Comment devons-nous comprendre la loi depuis la Pentecôte? Il y a encore 45 minutes de questions libres de l’assistance avant la clôture.
AL : Que peuvent attendre les participants ? (et comment s’inscrire !)
RF : Il y aura un dialogue robuste entre les représentants de ces deux formations théologiques. La théologie réformée baptiste a une longue histoire et se fonde sur la confession de foi baptiste de Londres de 1689. La théologie de la nouvelle alliance est plus récente (depuis les années ’70), mais elle affirme une descendance des baptistes particuliers de la Confession de foi Baptiste de 1644/46, des frères suisses anabaptistes de 1525 et des Pères de l’Église. L’enjeu de la première question est de savoir si le Nouveau Testament enseigne une simple imputation ou une double imputation au croyant, savoir la seule imputation des mérites de la croix de Jésus-Christ ou si le NT enseigne aussi l’imputation de la justice que Christ a gagnée en observant la loi.
La deuxième question présentée demande à chaque école théologique de décrire le rôle de la loi de Moïse pour le croyant dans la nouvelle alliance. La discussion risque d’être très intéressante et même pratique, au niveau du sabbat, par exemple.
Pour s’inscrire au Dialogue du 13 novembre, présenciellement ou virtuellement, il suffit de remplir la fiche d’inscription gratuite ici.
AL : Donne-nous trois raisons de venir !
RF : Premièrement, le plus grand aspect édifiant pour le participant est de se laisser exposer à un dialogue qui sort de la zone de confort. Il est indispensable d’avoir des convictions personnelles et d’avoir une unité doctrinale en Église ou en dénomination. Cependant, c’est lorsque nous regardons les deux côté d’une question traitée par des théologiens également convaincus, également fidèles aux Écritures et également charitables que nous forgeons nos propres convictions et que nous progressons dans notre très-sainte foi. Il n’est pas question de savoir laquelle des deux positions a marqué le plus de points, mais de constater qu’on peut explorer ces questions en toute quiétude sans préjugé négatif ou anathème.
Deuxièmement, comme prolongement de cette première raison, c’est dans son unité que le corps de Christ glorifie Dieu en Jésus-Christ. Dans sa prière pour ses disciples en Jean 17.21-26, notre Seigneur a demandé au Père « qu’eux aussi soient un en nous afin que le monde croie que tu m’as envoyé ». Il s’agit de briser les vieilles hargnes théologiques du passé en dialoguant dans un climat paisible avec un but primordial que Luc qualifie de noble dans Actes 17.11 : « ils reçurent la parole avec beaucoup d’empressement, et ils examinaient chaque jour les Écritures, pour voir si ce qu’on leur disait était exact. »
Troisièmement, les organisateurs espèrent que les participants seront encouragés d’aller plus loin dans leur propre recherche de clarté dans ces questions d’alliance. Les deux écoles ont bien plus en commun que ce qui les sépare mais une recherche dans les textes bibliques produira des fruits magnifiques pour le chrétien au niveau du savoir, du savoir-être et du savoir-faire. Qui sait si c’est dans ce Dialogue que Dieu suscitera quelques étudiants futurs pour nos écoles bibliques, Facultés et Séminaires?