3 mauvaises excuses pour ne pas étudier la Bible

 

Notre génération aime collaborer en réseau. J’apprécie de travailler avec des frères et soeurs d’autres Eglises locales que la mienne. C’est toujours enrichissant. Souvent nous parlons passionnément de théologie. Cela produit parfois des débats aussi interminables que fraternels !

A l’occasion de ces longs échanges, j’ai constaté que certains arguments à propos des méfaits de l’étude de la Bible reviennent souvent.

Dans cet article, je voudrais en examiner trois liés à notre regard sur nos débats théologiques.

 

1. La peur d’être remis en question

J’observe souvent cela : si quelqu’un est -par exemple- de gauche, il y a de forte chance que ses parents aient été de gauche. C’est connu, de génération en génération on est généralement du même bord politique. Cela s’explique par la transmission de l’héritage de la pensée  et d’une vision de la société au sein de la famille.

C’est un petit peu la même chose avec notre théologie ! Prenons un exemple caricatural : croire ou non au parler en langues dépend souvent de la sensibilité théologique de l’Eglise où l’on s’est converti et grandi spirituellement.

Jusque là, pas de problème.
Mais, malheureusement, si l’on pose la question à la majorité des personnes pourquoi elles croient ce qu’elles croient, elles  évoqueront quelques arguments vagues, qui n’en sont pas vraiment. Elles reconnaitront qu’elles y adhèrent par défaut.

Par notre héritage, nous pensons parfois savoir ce que signifie tel ou tel texte, mais en réalité nous imposons nos propres pensées sur les Ecritures. Et ce, quelque soit notre milieu d’origine !
Et c’est là le problème : il y a une confusion d’autorité quand la tradition de notre Eglise est plus influente que la Bible elle-même dans notre foi.

Or, comme le disait justement Calvin : “la première mission d’un interprète (nous en sommes tous un) consiste à laisser l’auteur dire ce qu’il dit vraiment, au lieu de lui attribuer ce qu’il devrait dire.”

Bien fréquemment, nos positions théologiques tranchées ne peuvent supporter l’examen de leurs arguments. Nous ne connaissons d’ailleurs pas vraiment non plus les arguments de “l’autre camp”, pourtant nous les disqualifions d’emblée, parce qu’ils ne sont pas conformes à nos présupposés.

Prenons un exemple :
Je suis “amillénariste”. Ce n’est un secret pour personne. Je vous rassure, je me soigne. Au risque de surprendre, je me sens plus proche d’un frère ou d’une soeur prémillénariste qui saura “défendre” sa position bibliquement, que d’un amillénariste très jugeant vis à vis de l’autre position alors qu’il n’est pas capable de défendre sa propre position.

Pourquoi ? Et bien parce que le premier élabore sa théologie sur les Ecritures, alors que le deuxième le fait sur la base de ce qu’il a toujours entendu et répété. Par conformisme peut-être.

Nous tenons pour pilier cet héritage de la Réforme :  l’autorité ultime dans notre confession de foi personnelle, c’est la Bible seule. Sola scriptura !
Si notre théologie se fonde sur la tradition et non sur la Parole, nous nous endoctrinons. Certes, nous avons tous une une certaine tradition (frères, baptiste, charismatique, pentecôtiste, réformée, etc.). Je ne dis pas qu’elles ne devraient pas exister. Mais je dis que nous devons la soumettre aux Ecritures.

Personnellement, j’essaye de me rappeler que mes émotions et mon arrière plan peuvent entraver mon processus herméneutique quand ma valeur spirituelle ou mon héritage doctrinal remplace l’autorité de Parole. Difficile dans ce cas de reconnaître que l’on a tort n’est-ce pas ?

S’il y a confusion entre ma valeur spirituelle et ma connaissance théologique, alors je ne serai pas prêt à remettre mes présuppositions en question.

L’avis de Carson à ce sujet m’encourage à me remettre toujours en question :

“Je ne sais pas ce que signifie l’autorité de la Bible, ni même l’autorité de Jésus Christ, si nous ne sommes pas prêts à soumettre nos opinions, nos valeurs et nos structures mentales à ce que la Bible dit, à ce que Jésus enseigne. Il peut exister des différences d’opinions sur ce que la Bible affirme réellement, des différences qui peuvent parfois être résolues avec une humble interaction et le temps nécessaire ; mais parmi les chrétiens, il ne devrait avoir le moindre prétexte pour ignorer ou chercher à se soustraire à ce que la Bible a à dire, sur la fausse hypothèse que la connaissance de la vérité objective s’avère impossible.” (1)

2. La peur de la froideur théologique

La Parole de Dieu est vivante et tellement réconfortante quand on la lit avec un coeur disposé et l’assistance de l’Esprit Saint.

Pourquoi donc passer du temps dans de l’étude du contexte, des structures, de la syntaxe, des arguments, des concepts, et j’en passe ?
Pourquoi discuter des heures sur le sens de tel ou tel verset au risque de perdre l’intimité que le texte nous avait apporté…

Cette peur n’est pas fondée. Etudier les perfections de la Parole de Dieu, par la foi, ne peut que nous rapprocher de lui.  Certains prédicateurs rechignent à passer un temps conséquent dans l’étude de la Parole de Dieu car ils ont peur de trop l’intellectualiser, d’être trop pointilleux. Ils passent alors plus de temps à tenter de trouver de bonnes illustrations et de belles formules.

Seulement, dans la perspective de l’enseignement, si l’on veut comprendre de manière profonde notre texte, en fonction de ce que l’auteur a voulu exprimer en premier lieu, il nous faut fournir cet effort.

Personnellement, je découvre progressivement qu’après l’effort, vient un profond réconfort. L’appropriation que je me fais du texte après l’avoir étudié attentivement m’en rend encore plus proche et me permet de le prêcher avec plus de confiance et de passion. C’est comme s’il était passé pour moi du noir et blanc à la 3D !

 

 

3. La peur du conflit et de la division dans l’Eglise

Beaucoup de sujets bibliques ne font pas consensus dans l’Eglise locale. Beaucoup de ces sujets sont donc mis de côté et rarement abordés. Combien d’Eglises se sont divisées au sujet de fin des temps, d’Israël, ou du Saint Esprit ?

Nous plaidons donc en faveur de la souplesse et de la tolérance. Ou plutôt du tabou.

On pourrait croire que chercher trop de rigueur, de précision doctrinale risquerait de créer des disputes de mots et de troubler l’Eglise. Je suis d’accord avec cela, s’il s’agit de sujets secondaires. Nous devons rester centré sur l’Evangile.

Mais ces craintes sont-elles plus liées au débat théologique qu’à notre immaturité et notre orgueil ? Comme le dit Alain, l’un de mes pères spirituels, “avoir raison ne suffit pas”. Aux connaissances, il faut ajouter les qualités morales. Aussi, je suis navré souvent de voir sur FaceBook tant de frères et soeurs oublier cela… Oublier que si la Parole de Dieu est inspirée, notre interprétation ne l’est pas.

Mais cela ne signifie pas que nous ne devons pas rechercher la vérité et remettre nos avis en questions. Nous ne devrions pas avoir peur de la quête de la vérité dans l’Eglise car c’est sur elle que se fonde notre espérance ! Le problème ne vient pas de la Bible, il vient de nous.

Sinon, Paul n’aurait pas enseigné aux Ephésiens que les ministères de la Parole sont là pour équiper les saints en vue de leur propre ministère, pour l’unité dans la foi et la maturité spirituelle de l’Eglise (Eph. 4. 11-15).

Ailleurs, il n’aurait pas encouragé Timothée à demeurer ferme dans les choses qu’il a apprises et reconnues comme certaines (2 Tim 3.14).

Nous devons donc trouver la saine tension entre la recherche de l’orthodoxie et le désir de maintenir l’unité dans la communauté (2 Co6. 14). Jamais l’un au détriment de l’autre.

En effet, Paul exhortait les chrétiens à avoir une même pensée et une même opinion au sein de l’Eglise (2 Co 13. 11) . Jude, lui, à combattre pour la foi transmise aux saints une fois pour toute (Jd 3). Cependant, nous devons rester humbles car comme Paul l’a dit, nous ne connaissons que partiellement (1 Co 13.8).

Si le texte que j’étudie est inspiré, mon interprétation ne l’est pas.

 

La gloire de Dieu comme moteur de notre étude de sa Parole

L’objectif de notre étude de la Parole de Dieu est notre plus grande obéissance, notre adoration et le désire d’être transformé par son Esprit Saint à sa gloire.

Le but ultime de Dieu n’est pas notre information, mais notre transformation par sa Parole. Si notre étude n’est pas motivée par la soif de Dieu, notre étude est vaine.

 

 

 

RC

 

(1) D. A. CARSON, Erreurs d’exégèse.

 

 

 

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Raphaël est marié à Marion avec qui il a 2 enfants. Ancien Educateur Spécialisé, il est étudiant en dernière année à l’Institut Biblique de Genève et pasteur stagiaire à l’ECE Grenoble. Il est aussi évangéliste associé à France Evangélisation.