Voilà pourquoi la souffrance est une nécessité
A l’heure où un certain “évangile thérapeutique” qu’on pourrait qualifier de “pensée positive évangélique”, gagne de plus en plus de terrain dans nos milieux, cette citation de Jean Calvin m’a paru des plus opportunes.
Pour le réformateur français, la souffrance du chrétien est non seulement inévitable, mais elle est en plus nécessaire : elle est le moyen même par lequel nous entrons davantage en communion avec Christ.
Tous ceux que le Seigneur a adopté et reçus au nombre de ses enfants ont à se préparer à une vie dure, laborieuse, pleine de souffrances et de maux en tous genres.
Tel est le bon plaisir du Père céleste d’agir ainsi avec ses serviteurs, afin de les mettre à l’épreuve.
Il a commencé cela avec Christ, son Fils bien-aimé, et le poursuit avec les autres.
Bien que Christ ait été son Fils bien-aimé en qui il a toujours mis son affection (Matt. 3:17, 17:5), il n’a pas été traité pendant sa vie sur la terre avec douceur et délicatesse; on peut même dire qu’il a non seulement été en continuelle détresse, mais que sa vie n’a été qu’une espèce de croix permanente.
L’apôtre en donne la raison : il fallait qu’il apprenne “l’obéissance par ce qu’il a souffert” (Héb. 5:8)
Comment donc nous exempterions-nous de la condition à laquelle notre Chef s’est soumis, étant donné qu’il s’y est soumis pour nous, afin de nous donner l’exemple par sa patience ?
Voilà pourquoi l’apôtre dit que Dieu a destiné ses enfants à être “semblables à l’image de son Fils” (Rom. 8:29).
Nous tirons de cela une grande consolation : en endurant toutes sortes de misères -que l’on nomme les choses contraires et mauvaises de la vie- nous communions avec la croix de Christ afin que, comme lui est passé par un abîme de détresse pour entrer dans la gloire céleste, nous aussi, “c’est par beaucoup de tribulations qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu” (Actes 14:22).
[…] Plus nous sommes affligés et endurons de souffrances, plus certaine est notre communion avec Christ; et quand cette communion avec lui existe, les épreuves non seulement sont bénies, mais elles sont même une aide pour faire avancer notre salut.
– Jean Calvin
Extrait de son Institution de la Religion Chrétienne, III.8.2 (pp. 635-636 dans l’édition révisée de 2009)