Le Baptême en Questions – #5 Le baptême et la foi

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Question :
Quel est le lien entre la foi et le baptême ?

 

 

Position pédobaptiste (Alexandre Sarran)

 

Quel que soit le lien entre la foi et le baptême, le moins qu’on puisse dire, c’est que les deux ne sont pas indissociables. On peut être sauvé par le moyen de la vraie foi, sans jamais recevoir le baptême (Lc 23.39-43). Inversement, il est possible de recevoir le baptême, mais de ne jamais avoir la foi qui sauve (Hé 6.1-8).

Même dans les milieux crédobaptistes, il y a des gens qui reçoivent le baptême sur la base d’une profession de foi volontaire et intelligible, mais dont la vie démontre, par la suite, qu’ils n’ont (ou n’avaient) pas la vraie foi. La profession de foi qui ouvrait l’accès au baptême s’avère donc, par la suite, avoir été inauthentique.

Par conséquent, pédobaptistes et crédobaptistes devraient être parfaitement d’accord sur ce point : le baptême, qui est une réalité visible, n’est jamais administré sur la base de la foi, qui est une réalité invisible. Il est toujours administré sur la base d’une autre réalité visible, qui est la profession de foi pour les crédobaptistes, et l’appartenance au peuple de Jésus pour les pédobaptistes.

Les crédobaptistes estiment que la profession de foi est un indice suffisant pour présumer la foi d’une personne ; indirectement, donc, ils disent que le baptême entérine la foi, même si rien ne permet de vérifier, fondamentalement, la nature de cette foi.

Les pédobaptistes, quant à eux, estiment que la profession de foi est un indice suffisant pour établir (et non présumer) l’appartenance au peuple visible de Jésus (1 Co 5.11-12, par ex.). Mais pour les pédobaptistes, le lien familial ou “fédéral“ établit aussi cette appartenance pour ceux qui ne sont pas en mesure de professer pour eux-mêmes la foi, ni de la rejeter (Lc 18.15-17 ; Ép 6.4).

Les pédobaptistes croient cela notamment en raison du précédent très important que pose l’Ancien Testament, et qui n’est jamais remis en cause dans le Nouveau Testament.

En effet, dans l’Ancien Testament, Dieu “annonce d’avance l’Évangile“ à Abraham (Ga 3.8), qui à son tour croit Dieu, et se retrouve justifié par le moyen de sa foi (Ga 3.11), en vertu de l’œuvre (à venir) du Messie (Ga 3.18). Comment expliquer que le signe qu’il reçoit alors, après sa “conversion“, doive aussi être apposé à tous ceux de sa maison, y compris aux jeunes enfants (le signe de la circoncision) ?

Cela s’explique par le fait que ce signe n’est pas destiné à entériner la foi d’Abraham, mais à sceller la promesse de Dieu (Rm 4.11). C’est pourquoi le signe doit être porté par tous ceux qui sont les destinataires privilégiés de la promesse, à savoir le peuple de l’alliance (le peuple visible de Jésus), enfants compris (Gn 17.7 et 11).

Le Nouveau Testament n’annule pas ce précédent, mais il remplace la circoncision par le baptême, dans un passage qui montre que les deux signes pointent vers la même grâce (Col 2.11-12).

Comme la circoncision, le baptême atteste la grâce qui est promise au peuple de Dieu, mais c’est par la foi que l’on entre au bénéfice de cette réalité, comme c’était aussi le cas dans l’Ancien Testament. Ainsi, la circoncision de la chair obligeait à la circoncision du cœur (Dt 10.16, par ex.), et de même, le baptême d’eau oblige le peuple de Dieu à la foi.

 

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Position crédobaptiste (Pascal Denault)

 

Nous ne baptiserions pas une personne qui rejetterait ouvertement le Christ et l’Évangile.
Nous ne baptiserions pas non plus une personne qui, sans rejeter Christ, ne professerait pas la foi en son Nom.

Pourquoi en est-il ainsi? Parce que la foi est la condition sine qua non du baptême ; sans la foi il n’y a pas de baptême.

Non seulement la foi est-elle nécessaire au baptême, mais elle lui est antécédente. L’ordre dans lequel nous retrouvons baptême et foi, dans l’Écriture sainte, est toujours la foi premièrement, le baptême ensuite. Cet enseignement s’enracine premièrement dans la Grande Mission que le Seigneur Jésus a confiée à son Église : Matthieu 28.19-20

L’Église est appelée à baptiser des disciples et non à faire des disciples de ceux qu’elle baptise.
Bien entendu, l’œuvre d’instruction des disciples se poursuit au-delà du baptême puisque l’Église doit leur “enseigner tout ce que Jésus a prescrit“ après les avoir baptisés. Cependant, il y a une instruction minimale qui précède le baptême et qui est nécessaire pour “faire des disciples“, savoir la prédication de l’Évangile (1 Co 1.21) d’où la foi vient (Rm 10.17).

Baptiser des disciples, c’est baptiser des croyants.

En plus de la grande commission, examinons la pratique apostolique que nous retrouvons dans le livre des Actes : Actes 2.38, 41

Dans ces deux versets, nous voyons clairement que le baptême chrétien doit être précédé de la repentance et de la foi.
Présumer qu’une autre catégorie de personnes pourrait être baptisée sans ce prérequis, nommément les enfants des croyants, c’est aller au-delà des données bibliques. Les seuls baptêmes que nous voyons dans les Actes sont ceux de croyants : 8.12 ; 8.36-37 ; 9.18 ; 10.47-48 ; 18.8 ; 19.3-5.

Les baptêmes de maisonnée (Ac 15.15 ; 16.33 ; 1 Co 1.16) n’indiquent pas qu’il y ait eu des enfants et encore moins que ceux-ci auraient été baptisés sans la foi. Les enfants, s’il y en eut qui furent baptisés, étaient assez vieux pour exercer la foi et être des disciples, puisque le Seigneur a commandé de baptiser des disciples.

Finalement, à la pratique apostolique, s’ajoute l’enseignement apostolique qu’on retrouve dans les épîtres. Celles-ci limitent le baptême aux disciples.

L’apôtre Paul associe intimement le baptême au salut en Jésus-Christ; être baptisé c’est revêtir Christ (Ga 3.27) ; le baptême nous associe à sa mort et sa résurrection (Rm 6.3-4).
Sachant que dans la théologie paulinienne l’union avec Christ se fait par la foi (Ep 3.17), il ne peut y avoir de baptême sans foi.

La même application se dégage de l’enseignement pétrinien dans lequel le baptême est présenté comme “l’engagement d’une bonne conscience envers Dieu“ (1 P 3.21). Il s’agit donc d’un engagement de disciple, c’est-à-dire de croyant.

Que ce soit dans l’ordonnance laissée par le Seigneur Jésus, dans la pratique apostolique telle qu’on la retrouve dans le livre des Actes ou dans les épîtres des apôtres, l’Écriture rattache toujours le baptême à la foi et ne laisse aucune place à un baptême qui ne découlerait pas de la foi.

 

 

 

 

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