La mort de la mort dans la mort de Christ

“La vie par sa mort“ est un ouvrage polémique de John Owen publié en 1647. 
Sa thèse ? Il démontre avec brio que, non seulement, la doctrine du salut universel n’est pas fondée sur les Ecritures, mais que surtout, elle a une incidence dramatique sur l’ensemble de l’évangile.
Voilà déjà de quoi faire sourciller quelques lecteurs, voire même, peut être, provoquer une réaction viscérale chez certains.
Il est, en effet, bien plus attractif de présenter Dieu, le Père, attendant impuissamment « aux portes des cœurs » de chaque humain une réponse à son amour. Mais est-ce vraiment ce que nous enseigne la Bible ?
Non, nous ne laisserons pas la théologie aux théologiens, ni les débats aux connaisseurs. Car la question place dans un état de perplexité l’enseignement de la sainteté, l’édification de l’Église locale, les soins pastoraux, la pratique de la discipline, et l’évangélisation. Autant dire que ce sujet est vraiment central.
Voilà une lecture qui sera incontestablement un encouragement et une sanctification pour chacun. Un livre récemment traduit en français : nous n’avons donc plus aucune excuse ! (une courte recension de cet ouvrage est d’ailleurs disponible ici)
En voici quelques extraits. 

 

 

Contre un salut universel

“De toute évidence, la Bible enseigne clairement que la mort de Christ avait pour dessein de procurer aux hommes (et elle le fait véritablement) le pardon immédiat, et la gloire future. Si donc Christ est mort pour tous les hommes, alors de deux choses l’une :

1- Tous les hommes sont maintenant libérés du péché, ils sont pardonnés et seront glorifiés, ou :
2- Christ a failli à son objectif.“

 

“[Si Christ a souffert pour tous les péchés de tous les hommes], comment se fait-il que tous les hommes ne soient pas libres de leurs péchés ? Vous direz peut-être que c’est parce qu’ils ne croient pas.
Je vous demanderai alors : l’incrédulité n’est-elle pas un péché ? Si elle ne constitue pas un péché, pourquoi les hommes sont-ils punis pour leur incrédulité ? Si elle est un péché, elle doit nécessairement faire partie du lot que Christ a porté.“

 

“Affirmer que Christ est mort pour tous les hommes, mais que seuls ceux qui respectent les conditions peuvent être rachetés, revient à faire de Christ un demi-médiateur. Il a obtenu le salut pour tous, disent-ils. Cependant, en quoi consiste un tel avantage s’il n’a pas lui-même rempli les conditions, dis-je à mon tour !“

 

“[…] s’il s’agit de remplir certaines conditions, les hommes doivent posséder ou non le pouvoir nécessaire pour passer aux actes. Si les hommes sont aptes par eux-mêmes à répondre à ces conditions, il faut en conclure que tous ont donc la capacité de croire à l’évangile. Une telle pensée va à l’encontre des Écritures, qui décrivent les hommes comme étant morts dans leurs péchés et de ce fait incapables de se soumettre à quelque condition.“

 

“Si Dieu a choisi la nation juive parmi toutes les nations afin d’illustrer sa relation avec l’Église, il est logique d’affirmer que la mort de Christ devait profiter à l’Église seule, et non au monde entier. L’intervention de Dieu auprès de son peuple choisi dans l’Ancien Testament illustre bien comment le salut que Christ nous a acquis n’est pas destiné à tous les hommes, mais uniquement au peuple qu’il s’est choisi.“

 

“Certains disent que la foi nous est donné à condition que nous ne résistions pas à la grâce de Dieu. Cependant, ne pas résister signifie en réalité obéir. Obéir consiste en fait à croire. Ce que ces confrères avancent concrètement est que « la foi est donnée à ceux qui croient » (c’est-à-dire à ceux qui ont la foi !). Cette idée est manifestement absurde.
D’autre part, quelques-uns déclarent que la foi ne nous est pas acquise par la mort de Christ. Serait-elle alors le produit de notre propre volonté ? Ce raisonnement est certes contraire à ce que beaucoup de versets bibliques enseignent, et ne tient pas compte du fait que les non-croyants sont morts dans leur péché et incapables de juger des choses spirituelles (I Corinthiens 2.14).“

 

“Le sang de Christ est présenté comme une somme à acquitter, et une rançon, dans certains versets bibliques (par exemple, Matthieu 20.28). Or le but d’une rançon est d’obtenir la délivrance de ceux pour qui l’on verse une somme.
Il est impensable qu’une rançon soit payée pour une personne qui demeurerait prisonnière. Par conséquent, comment peut-on soutenir que Christ est mort pour tous les hommes, puisque tous les hommes ne sont pas sauvés ? Seuls ceux qui sont réellement libérés du péché sont ceux pour qui Christ est mort. La « rédemption » ne peut donc être « universelle », pas plus que « romain » ne signifie « catholique » ! La rédemption est particulière, puisque seuls certains sont rachetés.“

 

“Si l’on persiste encore à croire que Christ est mort à la place de tous les hommes, il nous faut conclure que sa mort n’a pas été un sacrifice suffisant, puisque tous les hommes ne sont pas sauvés du péché et du jugement !“

 

“Si, dans sa mort, Christ a agi en tant que substitut pour d’autres, comment peuvent-ils encore mourir portant eux-mêmes leurs péchés ? Christ n’a donc pu être leur substitut. Nous concluons qu’il n’est pas mort pour tous les hommes.
À vrai dire, prétendre que Christ est mort pour tous les hommes est la meilleure façon de prouver qu’il n’est mort pour aucun homme. Car s’il s’est substitué à tous, mais que tous ne sont pas sauvés, il a donc échoué dan son intention.“

 

 

Le but de la mort de Christ

“Si par sa mort, Christ nous a réellement procuré la rédemption, s’il nous a lavés et purifiés, s’il nous a acquis la réconciliation, la vie éternelle et l’appartenance à un royaume, c’est donc qu’il est mort uniquement pour ceux qui obtiennent ces choses. De toute évidence, il est faux de prétendre que tous les hommes possèdent ces choses ! Le salut de tous les hommes ne pouvait donc pas constituer le but de la mort de Christ.“

 

“[…] ce que Christ a acquis par sa mort doit inévitablement appartenir à ceux pour qui il l’a acquis.

  • Il serait contraire à la raison de prétendre que le dessein de Dieu ait été que Christ meure pour une personne — sans toutefois que cette dernière puisse jouir de ces avantages.
  • Le fait qu’une rançon soit payée pour affranchir des esclaves, sans pour autant assurer la liberté à ces derniers serait aberrant ! Et nous savons que la mort de Christ constituait une rançon (Matthieu 20.28).“

 

“Il est impossible de dissocier ce que Christ a acquis et ceux pour qui ces choses ont été obtenues. Christ est mort, non pour que les hommes reçoivent le salut s’ils parviennent à croire, mais il est mort pour tous les élus de Dieu, afin qu’ils croient.
Les Écritures n’affirment nulle part que Christ est mort pour nous à condition que nous croyions. Il serait même insensé de prétendre une telle chose. Cela impliquerait que la foi constitue l’élément validant ce qui autrement est faux — notre geste servirait à entériner en quelque sorte sa mort pour nous ! Or Christ est mort afin de nous permettre de croire.“

 

“Certains suggèrent […] que la mort de Christ ne constitue pas la seule cause de cet état de sainteté. Ils soutiennent que cette sainteté devient réalité seulement lorsque le Saint-Esprit la produit, ou quand on se l’approprie par la foi.
Cependant, l’œuvre du Saint-Esprit et le don de la foi s’avèrent être le résultat ou le fruit de la mort de Christ ! Cette allégation n’altère donc en rien le fait que la véritable sainteté est la conséquence tangible expérimentée uniquement par ceux pour qui Christ est mort. Le fait que le juge accorde une permission ou que le geôlier déverrouille la porte de la prison ne détermine pas la libération du débiteur ; il est libéré parce qu’un autre a payé la dette à sa place.“

 

“Il n’y a donc aucune assurance de salut pour nous si nous dissocions la mort de Christ de son intercession. Quel serait l’avantage d’affirmer que Christ est mort pour moi dans le passé, s’il n’intercède pas pour moi dans le présent ? C’est seulement parce qu’il nous justifie maintenant que nous sommes à l’abri de la condamnation de nos péchés. Je serai encore sous cette condamnation si Christ ne plaidait pas pour moi. Il est donc évident que son intercession doit être adressée en faveur des personnes pour qui il est mort — et par conséquent, il n’est pas mort pour tous les hommes !“

 

 

Pourquoi évangéliser si Christ n’est pas mort pour tous les hommes ?

A- Des croyant de toutes les nations seront rachetés, mais pour ce faire, l’évangile doit être prêché à toutes les nations.

B- Puisqu’il n’y a maintenant aucun privilège particulier accordé à la nation juive, l’évangile doit être prêché à tous, sans distinction.

C- L’appel à croire, lancé aux hommes, n’est pas un appel à croire que Christ est mort pour chacun d’eux en particulier, mais un appel à croire que Jésus est le seul par qui le salut est prêché.

D- Les prédicateurs ne peuvent jamais savoir qui sont les élus de Dieu parmi les membres de leurs congrégations. Ils doivent donc lancer l’appel à tous, et donner l’assurance du salut à ceux qui y repondent, car la mort de Christ suffit à sauver tous ceux qui croient.“

 

 

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