Je m’adresse à vous aujourd’hui pour rectifier plusieurs informations erronées qu’Info Chrétienne a malheureusement relayé dans deux articles. Le premier, daté du 27 mars 2023, allègue que j’aurais été suspendu par mon mouvement d’Église en raison d’accusations de violences sexuelles, ce qui est faux. Le second, du 10 juillet 2023, reprend des éléments d’un communiqué publié quelques jours plus tôt, mais il va beaucoup plus loin que ce document qui contenait déjà de nombreuses exagérations.
Je suis conscient que les journalistes d’Info Chrétienne dépendent de leurs sources ; d’autre part la communication ambigüe de l’Action Biblique de France peut mener aux pires interprétations. Néanmoins, ces articles portent atteinte à ma réputation et nécessitent plusieurs clarifications de ma part. Par ce courrier, j’use donc de mon droit de réponse.
Mais avant d’aller plus loin, je veux rappeler que, dès 2020 et plus récemment dans une intervention publique (20 avril 2023, consultable ici), j’ai reconnu ma responsabilité dans des échanges numériques inappropriés. Je le regrette profondément. Je ne peux malheureusement pas revenir en arrière et j’assume aujourd’hui les conséquences de mes erreurs. Je tiens à renouveler mes demandes de pardon à toutes celles et ceux qui ont été blessés dans cette affaire. Comme je l’ai déjà exprimé, j’accepte sans réserve de me retirer du ministère pastoral, ce que j’ai d’ailleurs fait dès l’été 2020.
En revanche, je conteste toujours avec la plus grande fermeté avoir commis le moindre abus, sexuel ou non. Je conteste également m’être servi de ma fonction pour participer à ces échanges : non seulement c’est faux, mais la majeure partie des faits se sont produits alors que je n’étais ni pasteur, ni même responsable d’Église. Ces péchés, quand ils ont réellement eu lieu, étaient pleinement consensuels : tous ceux qui y ont participé l’ont fait consciemment, volontairement, et sont donc pleinement impliqués dans les fautes commises.
Le rapport de l’Action Biblique de juillet 2023 repris par Info Chrétienne marque un revirement surprenant par rapport aux conclusions établies durant les trois années précédentes. Quelques semaines auparavant, l’Action Biblique affirmait encore que les éléments factuels m’innocentaient des accusations les plus graves et notait d’importantes contradictions chez les plaignantes. Plusieurs membres de la commission ont d’ailleurs préféré se retirer au moment de signer ce communiqué, et ceux qui l’ont finalement signé n’ont pas tous participé aux démarches d’enquête.
De plus, ces conclusions ambiguës suggèrent que j’aurais commis des actes gravissimes et pénalement répréhensibles. Certains lecteurs ont même compris que je serais actuellement en détention ! Face à ces rumeurs, il me faut être extrêmement clair : je n’ai jamais été auditionné par un service de police, encore moins par un magistrat, tout simplement parce que je n’ai fait l’objet d’aucune enquête pénale. Pour la justice, je ne suis même pas considéré comme un suspect.
Cette affaire n’avait aucune raison d’être traitée en public. Si elle s’est retrouvée dans les journaux, c’est parce qu’un groupe de pasteurs de l’Association Baptiste (AEEBLF) a fait courir le bruit que j’étais l’objet de plaintes pour agression. Cependant, une fois l’affaire médiatisée, des personnes informées m’ont alerté qu’il s’agissait de fausses rumeurs. Sur leurs indications, j’ai pu me rapprocher du commissariat où les plaintes avaient été déposées et j’ai eu la surprise de découvrir que leur motif était bien différent de ce qui était dit en public. Malgré mon insistance, les fonctionnaires de police n’ont jamais jugé bon de m’entendre et m’ont confirmé que ces plaintes, en l’état, n’auraient aucune suite.
Au regard de l’ensemble de l’affaire, mon sentiment est de n’avoir jamais été entendu. Les nombreux éléments que j’ai produits ont été largement ignorés et les témoins que j’ai cités n’ont jamais été contactés. L’Action Biblique, qui fustigeait pourtant l’absence de confrontations, a refusé mes multiples demandes en ce sens.
Il est incompréhensible que le recours à un cabinet d’enquête indépendant ait été écarté, alors que tous les spécialistes affirment que c’est précisément ce qu’il faut faire en pareil cas. Le président de l’Action Biblique en rejette la responsabilité sur les instances évangéliques nationales, notamment le Réseau FEF et le CNEF, qui menaçaient de ne pas reconnaître les conclusions d’une enquête indépendante. Dans des échanges courriels qui m’ont été communiqués (27 mars 2023), le président et le directeur du CNEF affirment même qu’ils ne tiendraient pas compte d’une décision de justice si elle était en ma faveur ! Mon incompréhension est totale : le CNEF n’a-t-il pas diligenté une enquête externe dans le cadre de l’affaire Torrent de vie ? Sur quelle base peut-il la rejeter dans mon cas ?
Ce refus des instances nationales et de l’Action Biblique jette une ombre sur l’équité du processus et reflète la manière dont la présomption d’innocence est aujourd’hui globalement bafouée. Je souhaite de tout mon cœur que mon cas ne fasse pas jurisprudence dans les cercles évangéliques et qu’on en revienne aux principes de l’Évangile.
Je quitte la scène publique évangélique avec soulagement, reconnaissant la souveraineté divine dans cette affaire. Je tiens à exprimer ma reconnaissance à tous ceux qui ont continué à faire preuve de grâce envers moi en dépit de ces circonstances. Que Dieu continue d’apporter la guérison à chacun et qu’il restaure toutes celles et ceux qui ont été blessés d’une manière ou d’une autre par cette situation.
Guillaume
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Français vivant aux Etats-Unis avec son épouse et leurs enfants, Guillaume Bignon est (ou plutôt « était ») ingénieur en informatique financière à Wall Street et titulaire d´un doctorat de théologie philosophique. Après une conversion improbable et providentielle à l’âge adulte, il s’est pris de passion pour l’apologétique chrétienne.
Voici son témoignage apporté sur la chaîne catholique KTO.
Guillaume Bignon est de nouveau à l’affiche en juin 2023 avec un cours d’Introduction à l’apologétique chrétienne. Ce module, conçu en complément du cours Introduction à la philosophie, vise à établir les bases de la défense de la foi en Christ.
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Guillaume Bignon est un philosophe et un apologète chrétien. Né en France, il y a étudié les mathématiques et la physique avant de déménager à New York pour travailler dans le milieu de l’informatique financière sur Wall Street. Étant autrefois un athée convaincu, il s’est pris de passion pour l’apologétique chrétienne après sa conversion improbable et providentielle à la foi chrétienne. Guillaume s’intéresse particulièrement à la métaphysique du libre arbitre, ainsi qu’à la théologie naturelle et à l’épistémologie. Il est titulaire d’un doctorat en philosophie (London School of Theology)
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Voici la suite de l’évaluation critique du Traité d’athéologie de Michel Onfray par Guillaume Bignon. Il s’agit de la douzième (!) et dernière partie.
Rappel #1 : la première est à retrouver ici, la deuxième ici, la troisième ici, la quatrième ici, la cinquième ici, la sixième ici, la septième ici, la huitième ici, la neuvième ici, la dixième ici, et finalement la onzième ici !
Rappel #2 : Guillaume Bignon est actuellement à l’affiche de notre cours #Transmettre de mai 2022, et il le sera à nouveau en juin pour une Introduction à l’apologétique chrétienne. Plus d’infos et inscriptions en cliquant sur ce lien.
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Nous voici arrivés à la dernière partie de ma critique, et il me reste pourtant de larges quantités de notes sur le matériel historique discuté par Michel Onfray concernant les chrétiens dans l’histoire. Tâchons ainsi d’être bref, car j’aimerais conclure ci-dessous sur une note plus personnelle.
Onfray dédie une large portion de son livre à expliquer tout le mal qu’ont fait les croyants dans l’histoire de la planète. L’apôtre Paul est contre l’éducation, bête, et lui même non éduqué (p.183-184), Jean Chrysostome justifie la violence physique (p.196-197), Augustin en prend pour son grade également, accusé de justifier « le pire dans l’église » (p.244), Constantin est superstitieux, infanticide et uxoricide (p.187-192), Adolf Hitler est un « disciple de St Jean » (p.216), le Vatican collabore avec les Nazis (p.237) ; Onfray blâme les chrétiens pour Hiroshima (p.247), l’esclavagisme moderne (p.247), le colonialisme (p.250), et passe en revue : « l’inquisition, la torture, la question ; les Croisades, les massacres, les pillages, les viols, les pendaisons, les exterminations ; la traite des Noirs, l’humiliation, l’exploitation, le servage, le commerce des hommes, des femmes, des enfants ; les génocides … » etc. etc. (p.235)
Vous voyez le genre.
Plutôt que d’écrire une dizaine de pages supplémentaires en traitant chaque accusation individuellement, je souhaite simplement faire quelques remarques générales importantes, pour répondre au cœur de l’argument unique qu’Onfray applique à différents individus au fil des siècles. Il s’agit en fait d’un argument déductif qui dit cela :
1 – Si des chrétiens font du mal, cela reflète négativement sur le christianisme
2 – Ces gens sont chrétiens,
3 – Ces gens ont fait du mal,
4 – Conclusion : cela reflète négativement sur le christianisme
L’argument est logiquement valide : si les prémisses 1, 2 et 3 sont vraies, alors la conclusion 4 s’ensuit. La réponse du chrétien va alors avoir plusieurs composantes disponibles:
Rejeter 2, rejeter 3, ou accepter 4 et le déplorer.
Pour Adolf Hitler, par exemple, il est clair qu’il n’est pas chrétien si le mot est défini un tant soit peu bibliquement. Pour d’autres tels qu’Augustin, il n’est pas net qu’ils soient coupables des maux qu’Onfray leur prête, et étant donné qu’il ne nous donne pas de référence en bas de page, il est difficile de vérifier.
Et enfin, pour d’autres chrétiens qui ont effectivement agi de triste manière, le chrétien moderne se doit d’admettre que l’histoire de l’église n’est pas toute rose, et que même ses héros du passé sont des pécheurs ayant besoin du pardon de Jésus. Rien de cela ne discrédite la Bible, l’existence de Dieu, ou la divinité de Jésus, et je peux me joindre à Michel Onfray dans un bon nombre de ses critiques historiques.
Ceci étant dit, il me faut tout de même ajouter que son analyse est entièrement polarisée et ‘quelque peu’ diabolisante. Si les péchés des chrétiens reflètent négativement sur le christianisme, leurs bonnes œuvres devraient être prises en compte au même titre, mais ce n’est pas Michel Onfray qui vous parlera de la fondation chrétienne des hôpitaux, des universités, et de leur participation massive à l’aide humanitaire.
Le traité d’athéologie vous parle des vilains chrétiens de l’histoire, mais où sont les Martin Luther King, les Dietrich Bonhoeffer et les William Wilberforce ? L’argument fonctionne dans les deux sens.
Par ailleurs, la prémisse 3 de l’argument ci-dessus présuppose que des chrétiens ont fait du mal. Du vrai mal. Or, un peu plus tôt dans cette critique, lorsque nous discutions de l’argument moral pour l’existence de Dieu, nous remarquions que si Dieu n’existe pas, alors il n’existe pas de valeurs morales objectives.
Il s’ensuit donc que si des chrétiens on fait du mal, objectivement, alors il existe au moins certaines valeurs morales objectives par lesquelles Onfray juge les chrétiens, et donc Dieu existe. L’argument n’est donc pas disponible pour un athée cohérent.
Enfin, il reste une accusation proférée par Onfray avec laquelle le vrai chrétien ne peut qu’être d’accord : il dénonce la pratique de forcer la conversion : « obligation pour les païens de se faire instruire dans la religion chrétienne, puis d’obtenir le baptême sous peine d’exile ou de confiscation de leurs biens ; interdiction de revenir au paganisme pour les convertis à la religion d’amour ; » (p.198-199)
Ma réponse est sans équivoque : « Oui ! », toutes ces choses sont mauvaises et, j’ajoute, entièrement incompatibles avec le christianisme biblique. On ne peut pas faire un chrétien par coercition. Un chrétien est un pécheur qui se repent sincèrement de son péché, et place sa foi sincère en Jésus, pour recevoir son pardon gratuitement, par la foi et non pas par les bonnes œuvres.
Il s’ensuit que par définition, le choix de devenir chrétien doit être complètement libre, sinon ce n’est pas une foi qui sauve. Le chrétien partage avec joie les raisons pour lesquelles il est chrétien, il explique en termes clairs l’enjeu de la question (la vie éternelle !), et il encourage le non-croyant à recevoir ce pardon gratuit (quelle bonne nouvelle !), mais en aucun cas ne doit il forcer qui que ce soit.
J’espère que cette critique du traité d’athéologie aura été comprise dans cet esprit : une offre d’arguments rationnels pour encourager le lecteur, et une invitation au lecteur à réfléchir librement à ces choses : si le christianisme est vrai, l’enjeu est énorme.
A bon entendeur.
Enfin, permettez-moi de conclure sur une note positive. Après 12 parties d’une critique passées à dire du mal des arguments invalides de Michel Onfray, j’aimerais finir par dire du bien de l’homme, que j’apprécie en fait beaucoup.
Il est souvent bien sympathique, il s’exprime de manière captivante, il aime la langue française et l’emploie joliment, et l’histoire de sa vie est tout simplement fascinante. En bref, je dois confesser être un fan (est-ce si terrible d’apprécier grandement quelqu’un avec qui l’on est fondamentalement en désaccord ?)
Je me permets d’ajouter que la plupart de ses adversaires qui le critiquent, même sur le sujet de l’athéisme, offrent des arguments que je trouve affligeants, et Onfray les démolit habituellement dans ses interviews avec brio, en offrant souvent les réponses exactes que j’aurais offertes moi même si j’étais un athée. Le monsieur a de la répartie ! J’espère donc que les arguments que j’ai offerts dans cette critique aient été d’un autre calibre, et sans avoir la prétention de penser que Michel Onfray les lira, je me prête à croire qu’ils auraient un meilleur effet.
Mais est-ce naïf de penser qu’un athée célèbre, publié sur le sujet, puisse changer d’avis sur la question ? À cela, je répond que ce ne serait pas la première fois. Le plus célèbre philosophe athée du siècle dernier, Antony Flew, sous le poids des arguments (particulièrement l’accord fin des constantes de l’univers, mentionné dans cette critique), a fini par changer d’avis, et annoncer sa croyance en un créateur de l’univers.
Un de mes bons amis philosophes chrétiens, David Wood, est un ancien athée psychopathe, condamné pour tentative de meurtre barbare, qui a découvert le Jésus de l’évangile en prison, et s’engage maintenant en débats académiques sur la vérité du christianisme. Et enfin, je suis moi-même ancien athée, devenu chrétien et philosophe académique par un concours de circonstances improbables, et une réflexion sur les documents du Nouveau Testament. Alors si Dieu peut rattraper l’apôtre Paul, ou Antony Flew, ou David Wood, ou moi même, pourquoi pas Michel Onfray ?
…Et pourquoi pas vous, cher lecteur ?
– Guillaume Bignon
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Voici la suite de l’évaluation critique du Traité d’athéologie de Michel Onfray par Guillaume Bignon. Il s’agit de la onzième partie (!).
Rappel #1 : la première est à retrouver ici, la deuxième ici, la troisième ici, la quatrième ici, la cinquième ici, la sixième ici, la septième ici, la huitième ici, la neuvième ici, et la dixième ici !
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Une chose est sûre, Michel Onfray ne partage pas la vue chrétienne de la moralité en général, et certainement pas sa moralité sexuelle en particulier. Le sujet pourrait être laissé de côté dans cette critique qui se focalise plutôt sur les arguments pour et contre le christianisme, dans la mesure où « je n’aime pas ses interdits » n’est pas vraiment un argument contre le christianisme, mais les critiques trouvées dans le « traité d’athéologie » sur le sujet relèvent tellement de l’absurde, qu’elles méritent une réponse, ne serait-ce que pour corriger les distorsions et clarifier la vue chrétienne pour le lecteur intéressé.
Commençons donc par les accusations d’Onfray les plus faciles à réfuter, à savoir celles qui reprochent au christianisme d’enseigner des choses qui lui sont en fait complètement étrangères. Michel Onfray répète à tout va que le christianisme hait la vie, les femmes, le corps, et le sexe.
Je ne sais pas où il va chercher tout cela, et les preuves supportant la thèse brillent par leur absence, mais la rhétorique coule à flots ; il écrit : « Les trois monothéismes, animés par une même pulsion de mort généalogique, partagent une série de mépris identiques : haine de la raison et de l’intelligence ; haine de la liberté ; haine de tous les livres au nom d’un seul ; haine de la vie ; haine de la sexualité, des femmes et du plaisir ; haine du féminin ; haine du corps, des désirs, des pulsions. » (p.103-104 et 4ème de couverture).
Il répète page 109 que le christianisme voit le corps comme impur et mauvais, en page 254 que le christianisme hait les femmes, le sexe et la chair, et en page 142 que le christianisme implique la haine des femmes, « à quoi on ajoute la haine de tout ce qu’elles représentent pour les hommes : le désir, le plaisir, la vie. »
C’est du grand n’importe quoi. D’après le christianisme, le sexe a été créé et ordonné par Dieu, est une bonne chose, et est proprement célébré dans le cadre du mariage et son union d’amour inconditionnel entre les époux. Dans 1 Cor. 7, Paul instruit les corinthiens que les époux ne doivent pas se priver mutuellement de sexe, sauf d’un commun accord, pour un temps défini, pour s’engager dans la prière, par exemple, avant de se retrouver dans l’intimité sexuelle maritale impérative.
Dans l’Ancien Testament, le livre du cantique des cantiques est un poème imagé, parfois bien explicite sur la joie des époux procurée par la beauté et le plaisir trouvé dans le corps de l’autre ; et enfin le livre des proverbes (chapitre 5) dit ceci : « fais ta joie de la femme de ta jeunesse, biche des amours, gazelle pleine de grâce: sois en tout temps enivré de ses charmes (certaines traductions disent « de ses seins »), sans cesse épris de son amour. »
Alors si les encouragements sont aussi explicites, pourquoi Onfray écrit-il si négativement ? Parce que le christianisme ne permet pas la promiscuité sexuelle absolue. Ce n’est probablement pas son opinion réelle (j’aime mieux lui donner le bénéfice du doute), mais dans ses écrits, Michel Onfray semble n’accepter aucune restriction morale dans le domaine ; en page 105, il se plaint de la « kyrielle des interdits », et critique la religion du fait qu’elle affirme des distinctions entre le licite et l’illicite, et fasse des interdits.
Mais distinguer le licite et l’illicite, et faire des interdits, c’est la nature même de la moralité ! Notez bien, il ne se plaint pas uniquement que les interdits chrétiens soient différents des siens, il se plaint ici des interdits chrétiens du fait qu’ils soient des interdits. Aucune limite à la moralité sexuelle ne semble être tolérée ; il déplore (p.146) : « la famille, le mariage, la monogamie, la fidélité, autant de variations sur le thème de la castration ».
C’est tout bonnement ahurissant: pour éviter l’appellation de castrat, apparemment il faut s’engager dans la promiscuité totale, la polygamie, et l’infidélité. Je passe, merci bien.
Dans son élan de rhétorique, Michel Onfray en vient (probablement pas intentionnellement) à insulter toutes les femmes qui ne se livrent pas à cette promiscuité totale, lorsqu’il dit : « De manière générale, tout mépris des femmes—auxquelles on préfère les vierges, les mères, et les épouses—va avec un culte de mort » (p.254)
Plusieurs réponses. Tout d’abord, oui, je préfère ma femme à celle du voisin. Et oui, je suis heureux qu’elle m’ait fait de beaux enfants; comment serait-ce un « culte de mort » que de se réjouir de mes bébés et au contraire, de leurs vies qui se multiplient ? Et puis, quelle serait l’alternative ?
Pour Onfray, aimer les femmes serait-ce la promiscuité, le célibat et l’infertilité ou l’avortement ? Enfin, notez bien qu’il dit « auxquelles on préfère… », et non pas « parmi lesquelles on préfère… », une formulation qui implique apparemment que les vierges, les mères et les épouses ne sont pas de vraies femmes. Merci pour elles.
Onfray se plaint ensuite que le christianisme interdise l’activité homosexuelle, mais là encore, la désinformation est affligeante, lorsqu’il annonce : « les trois monothéismes condamnent à mort les homosexuels. Pour quelles raisons ? Parce que leur sexualité interdit—jusqu’à maintenant…—les destins de père, de mère, d’époux et d’épouse, et affirme clairement la primauté et la valeur absolue de l’individu libre » (p.144)
D’abord, la peine capitale pour cette offense dans l’Ancien Testament s’inscrivait dans un contexte judiciaire israélite théocratique, et n’est pas directement applicable dans le contexte de la nouvelle alliance et dans une société démocratique moderne. Alors certes, la prohibition morale demeure, mais certainement pas pour les raisons qu’Onfray cite.
La pratique homosexuelle, tout comme l’adultère ou la fornication, est rejetée comme immorale simplement parce qu’elle va à l’encontre du dessein de Dieu pour le sexe : il s’agit de sexe extra-marital, allant en plus contre nature, et donc inapproprié.
Alors évidemment, ce genre de restrictions morales sexuelles qui étaient complètement évidentes pour nos grands-parents, ont la vie dure depuis la révolution sexuelle des années 60, mais les restrictions morales sont là non pas pour étouffer et frustrer, mais bel et bien pour préserver la pureté du sexe entre époux engagés à s’aimer l’un l’autre inconditionnellement et exclusivement. Rejeter tous les interdits, ce n’est pas la « liberté » de l’individu, c’est l’anarchie.
Michel Onfray mentionne ensuite l’avortement, se plaignant que l’église l’interdise, car soi-disant, « la famille fonctionne en horizon indépassable, en cellule de base de la communauté. » (p.144).
N’importe quoi. L’opposition à l’avortement n’est pas motivée par l’importance d’avoir des enfants, mais par le devoir de ne pas les tuer une fois qu’ils sont conçus et vivants ! Si le fœtus en développement est un être humain vivant, et qu’il est immoral de tuer un être humain innocent, il s’ensuit logiquement qu’il est immoral de tuer un fœtus après la conception, quelle que soit sa localisation géographique (dans l’utérus ou pas).
Pour compléter sa critique de la sexualité chrétienne, Michel Onfray s’attaque enfin à la source majeure, l’apôtre Paul, et essaie d’en faire un maniaque impuissant masochiste. Je n’exagère pas ! Il nous dit que sa conversion « relève de la pure pathologie hystérique », et Onfray dresse son « diagnostic médical », « manuel de psychiatrie, chapitre des névroses, section des hystériques. » (p.176).
Évidemment, le texte ne supporte en rien cette thèse farfelue, mais le lecteur attentif relèvera aisément le double standard ironique de l’analyse historique offerte par Michel Onfray : apparemment on n’a pas suffisamment de sources historiques pour savoir que Jésus existait, mais on en a suffisamment sur Paul pour lui faire un diagnostic de psychanalyse à une distance de 2000 ans !
Onfray se lance ensuite dans des spéculations irresponsables au sujet de la fameuse « écharde » que Paul dit avoir demandé en vain au Seigneur de lui retirer, et que Dieu lui a laissée, pour le garder humble, et pour lui rappeler que la grâce divine était suffisante (2 Cor. 13).
La vérité est que personne ne sait en détail de quoi il s’agissait, le détail était visiblement moins important pour Paul que la leçon théologique qu’il en tirait. Onfray prétend alors savoir qu’il s’agissait d’impuissance sexuelle, puisque Paul « a honte » de donner des détails (p.178). Pure spéculation.
Deux pages plus tard (p.180), il présume alors ouvertement que Paul est impuissant et incapable d’avoir une femme, exhibe « une misogynie causée par l’impotence » (p.181), et l’accuse enfin d’être masochiste car il se réjouit de ses blessures. N’importe quoi. Lorsque Paul raconte ses persécutions et partage sa joie, il se réjouit de l’avancée de l’évangile permise par ses souffrances, pas de ses blessures comme un fin en soi.
En conclusion, le sujet de la moralité sexuelle dans le traité d’athéologie est abordé de manière complètement irresponsable, et l’ouvrage d’Onfray exhibe une animosité remarquable, qui bien que compréhensible (il n’est jamais agréable de s’entendre dire que notre pratique sexuelle est immorale), n’est pas rationnelle. Je termine ainsi avec une répétition de l’argument moral pour l’existence de Dieu, défendu dans une partie précédente de cette critique. Nous voyions alors que si Dieu n’existait pas, il n’existerait pas de valeurs morales objectives ; mais qu’il existe bien des valeurs morales objectives, impliquant logiquement que Dieu existe.
L’affirmation chrétienne devient alors éminemment raisonnable : si Dieu existe et son dessein détermine les valeurs morales qui régissent la vie humaine, il va de soi que cela inclut les valeurs morales sexuelles. Ainsi, s’il y a une façon moralement bonne de s’engager dans le sexe, Dieu étant son créateur, il est probablement dans notre intérêt de suivre son opinion…
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Bienvenue à l’épisode #295 de Coram Deo, une émission qui porte un regard chrétien sur le monde. Ce podcast vous est présenté en partenariat avec Publications Chrétiennes et nos donateurs fidèles qui soutiennent généreusement notre travail.
Depuis quelques années nous assistons à l’émergence de l’intelligence artificielle qui vient de franchir de nouveaux seuils avec le lancement du populaire programme informatique ChatGPT il y a quelques mois et l’apparition de nouveaux outils d’apprentissages automatiques. Beaucoup s’interrogent et s’inquiètent sur les conséquences que pourrait avoir la diffusion d’une telle technologie à grande échelle. De notre côté, nous désirons participer à cette discussion collective à partir d’un angle théologique et biblique.
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Dans ce texte bien connu du Nouveau Testament, l’apôtre Paul nous partage une des leçons les plus importantes que nous pouvons faire à l’école de la grâce. Nous verrons comment l’épreuve est absolument essentielle à notre croissance spirituelle et comment elle nous rapproche de Dieu.
1. De quoi Paul souffre-t-il
2. Pourquoi Paul souffre-t-il
3. Comment Jésus fortifie-t-il Paul par la souffrance?
4. Quelles implications pour nous?
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Accepter intellectuellement le christianisme, c’était au minimum accepter l’existence de Dieu et les miracles de Jésus, tout particulièrement sa résurrection. Mais comment savoir ? Etant donné les enjeux de la question, je voulais être absolument certain. Pas question de devenir chrétien à la va-vite, pour ensuite passer pour un imbécile en affirmant des thèses absurdes, ou devoir faire marche arrière à la lumière de contrarguments imparables. Dans mes discussions avec Robert et mes réflexions personnelles, dès lors que j’ai commencé à me dire que le christianisme pourrait être vrai, je me suis naturellement mis en quête de certitude.
La certitude. Était-ce une exigence bien raisonnable ? C’était une exigence du moins très répandue. Il est commun d’avoir toutes sortes de demandes élevées à satisfaire en matière de preuve avant de pouvoir dire que l’on sait quoi que ce soit, particulièrement en matière de religion. Par exemple, André Comte-Sponville soulève la question de l’existence de Dieu, et avant de peser les arguments, il annonce : « A cette question, répétons-le, aucune science ne répond, ni même, en toute rigueur, aucun savoir. »3 D’un côté positif, cette citation a au moins le mérite de supposer qu’il pourrait y avoir du savoir au delà de la science (contrairement à ce qu’affirmait le scientisme, que je réfutais dans le chapitre précédent). Mais pourquoi penser qu’on ne puisse pas savoir si Dieu existe ? Comte-Sponville dit qu’une personne qui « sait » doit avoir un tel niveau de justification qu’elle devrait pouvoir convaincre tout le monde. Il explique :
Mais lequel parmi les gens intelligents et lucides, prétendrait, sur l’existence de Dieu, disposer d’un savoir, autrement dit d’une créance subjectivement et objectivement suffisante ? Si tel était le cas, il devrait pouvoir nous convaincre (c’est le propre d’un savoir : il peut être transmis à tout individu normalement intelligent et cultivé), et l’athéisme aurait depuis longtemps disparu.
Ce standard n’est pas réaliste. Il admet toutes sortes de contrexemples. Si je suis innocent d’un crime, mais victime d’un complot de telle sorte que toutes les preuves se tournent contre moi, je n’arriverai probablement pas à convaincre un jury de personnes « normalement intelligentes et cultivées », mais ça n’empêche pas du tout que je sache que je suis innocent. Ce contre-exemple réfute directement son affirmation. Mais même plus généralement, le savoir en aucun cas ne requiert une capacité à éliminer tous les dissidents, car il y a bien trop souvent des préjudices idéologiques, même chez les personnes « normalement intelligentes et cultivées ». Les négationnistes de l’holocauste, les partisans de théories de complot, les dogmatiques de mauvaise foi, sont parfois très « intelligents et cultivés », mais ils sont aussi pleins de préjudice. Ca ne nous empêche évidemment pas de savoir (pas seulement de croire) qu’ils ont tort.
Le même genre de preuve exigeante est demandé au sujet des miracles de Jésus, par Jean Meslier qui répète ad-nauseam son attente de certitude :
Il n’y a aucune certitude que ces prétendus miracles aient véritablement été faits, il n’y a aucune certitude de la probité et de la sincérité de ceux qui les rapportent ou qui disent les avoir vus, il n’y a aucune certitude qu’ils en aient bien connu et bien remarqué toutes les circonstances, il n’y a point de certitude que les histoires que l’on en voit soient véritablement de ceux-là même à qui on les attribue, et, enfin, il n’y a point de certitude que ces histoires-là n’aient pas été corrompues et falsifiées comme on en voit tant d’autres qui l’ont été.
Dans un sens, le chrétien est d’accord. Il n’y a pas de « certitude » absolue et indubitable à ces sujets là, mais pourquoi penser que ce type de certitude est nécessaire pour savoir que ces enseignements chrétiens sont vrais ? La certitude absolue est un très mauvais standard de connaissance. Comme je vais l’expliquer dans un moment, c’est même une attente absurde. Mais Jean Meslier se base sur cette attente excessive, et empile une seconde couche de raisonnement illogique, en ajoutant que si le chrétien ne peut pas prouver ses thèses avec certitude, alors le christianisme se voit réfuté :
Si aucun de ceux qui disent que leur religion est d’institution divine ne sauraient en donner des preuves et des témoignages sûrs et convaincants ; c’est une preuve sûre, claire et convaincante qu’il n’y en a aucune qui soit véritablement d’institution divine et, par conséquent, il faudrait dire et tenir pour certain qu’elles ne sont toutes que des inventions humaines pleines d’erreurs, d’illusions et de tromperies.
Non. C’est un raisonnement complètement invalide. L’absence de preuve n’est pas une preuve d’absence. Demandez à un policier, ou même à un joueur de Cluédo ! Si je n’ai pas de preuve que le colonel Moutarde a commis le meurtre avec le chandelier dans la véranda, ça ne veut évidemment pas dire qu’il n’ait pas commis ce crime. En l’absence de preuve, tout au plus, il faudrait rester sans opinion.
Mais parfois, on peut même aller plus loin ! En effet, il n’est pas rare que l’on sache des choses sans certitude absolue, ou sans pouvoir les prouver. Les thèses qui affirment au contraire que « le savoir requiert une preuve » ou que « le savoir requiert la certitude » souffrent à vrai dire de deux défauts insurmontables : 1-Elles tendent à se réfuter elles-mêmes, et 2-Elles admettent de nombreux contre-exemples évidents.
Les demandes de preuve ou de certitude ont tendance à périr de la même façon que le scientisme : en formulant des exigences qu’elles n’arrivent pas à satisfaire elles-mêmes. Le scientisme souffrait clairement du problème, puisque c’était une affirmation non-scientifique qu’il ne faut croire (ou qu’on ne peut savoir) que des affirmations scientifiques. Mais on rencontre le même problème de manière limpide au sujet de la thèse qui dit qu’on ne peut pas savoir quelque chose sans avoir de preuve : il n’y a pas de preuve en faveur de cette thèse ! Et c’est la même chose en ce qui concerne la certitude : nul ne peut être certain de la thèse que le savoir requiert que l’on soit certain !
En d’autres termes, il n’est pas indubitable que le savoir doive-t-être indubitable ! Toutes ces attentes se réfutent elles-mêmes. Ainsi, les penseurs athées qui tentent d’exprimer ces exigences au sujet de Dieu et des miracles se retrouvent souvent à formuler sans faire attention ce genre de phrases qui se réfutent elles-mêmes. Jacques Monod déclare que « La vérité de la connaissance ne peut avoir d’autre source que la confrontation systématique de la logique et de l’expérience. » Sauf que le savoir de cette affirmation n’est aucunement obtenu par la confrontation de la logique et de l’expérience.
Quelle « expérience confrontée à la logique » Jacques Monod pourrait-il mener pour arriver à cette conclusion ? Aucune.
Le baron d’Holbach offre aussi sa version : « Du rapport constant que font les sens bien constitués, résulte l’évidence et la certitude, qui seules peuvent produire une pleine conviction. »8 Mais ce n’est pas une croyance qui résulte de l’utilisation de ses cinq sens bien constitués ! Il n’en résulte ni évidence ni certitude, et il ne devrait donc pas en être pleinement convaincu !
Ce problème logique et théorique est rédhibitoire à lui tout seul et je le trouve assez amusant, mais revenons un peu à la pratique. Quelles sont, dans notre quotidien, ces choses que l’on peut croire rationnellement, et même savoir, sans certitude ou sans preuve irréfutable ? On trouve dans cette catégorie un bon nombre des concepts que je listais déjà dans le chapitre précédent en contre-exemples du scientisme : les lois de la logique, les vérités métaphysiques, l’éthique, l’esthétique, toutes ces choses là peuvent être sues sans preuve ni certitude absolue. On ne peut pas prouver les lois de la logique, puisque tout argument en leur faveur reposerait lui-même sur les lois de la logique. Il présupposerait que les lois de la logique sont vraies afin de les prouver, ce qui serait un raisonnement circulaire invalide. L’existence du monde extérieur et la réalité du passé sont aussi improuvables, et nous ne pouvons pas avoir à leur sujet de certitude absolue. Je ne peux pas sortir de mes cinq sens pour vérifier que ma perception du monde extérieur est véridique, mais il est clairement rationnel de croire que le monde extérieur existe vraiment. Je sais que le monde extérieur est réel, malgré l’absence de preuve ou de certitude. De même, je ne peux pas prouver la validité de mes souvenirs du passé, mais je sais qu’ils sont véridiques. Etc.
À toutes ces catégories de savoir que je possède sans preuve ou certitude, j’ajoute maintenant une série supplémentaire de contre-exemples évidents, qui ont prit une importance toute particulière lors de mes réflexions sur le christianisme et mes discussions avec Robert. Les voici.
Sans preuve indubitable ni certitude absolue, je sais…quel est mon nom. Je sais qui est mon père. Je connais ma date de naissance, et l’adresse de la clinique où je suis né. Je sais que l’holocauste s’est produit pendant la seconde guerre mondiale, je sais que César a traversé le Rubicon en 49 av. J.-C., et je sais que la Bastille a été prise un 14 juillet. Je sais que la grande muraille de Chine existe. Je ne l’ai jamais vue en vrai, mais je sais qu’elle existe tout autant que l’empire state building que j’ai vu en personne. Je sais qui est le président de la république française, je sais que le Mont Blanc culmine à 4807 mètres,9 et je sais qu’il pleut souvent à Seattle.
Sans certitude absolue ni preuve indubitable, je sais toutes ces vérités. Comment les sais-je ? Dans chaque cas, je le sais parce que quelqu’un d’autre qui le savait m’a dit que c’était vrai.
Oui, le témoignage est une source valide de savoir, une source valide de connaissance, pas juste de croyance.
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Guillaume Bignon est un philosophe et un apologète chrétien. Né en France, il y a étudié les mathématiques et la physique avant de déménager à New York pour travailler dans le milieu de l’informatique financière sur Wall Street. Étant autrefois un athée convaincu, il s’est pris de passion pour l’apologétique chrétienne après sa conversion improbable et providentielle à la foi chrétienne. Guillaume s’intéresse particulièrement à la métaphysique du libre arbitre, ainsi qu’à la théologie naturelle et à l’épistémologie. Il est titulaire d’un doctorat en philosophie (London School of Theology)
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Bienvenue à l’épisode #294 de Coram Deo, une émission qui porte un regard chrétien sur le monde. Ce podcast vous est présenté en partenariat avec Publications Chrétiennes et nos donateurs fidèles qui soutiennent généreusement notre travail.
Il est important de revisiter régulièrement les doctrines fondamentales de la foi chrétienne. Dans cet épisode je reçois le pasteur Éric Ricard de l’Église Doxa pour revister avec lui la doctrine de la Trinité. Cette doctrine est confessée par l’ensemble de la communauté évangélique, mais peut-être parfois un peu superficiellement. Voici quelques questions de réflexion que nous aimerions développer:
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Voici la suite de l’évaluation critique du Traité d’athéologie de Michel Onfray par Guillaume Bignon. Il s’agit de la dixième partie (!).
Rappel #1 : la première est à retrouver ici, la deuxième ici, la troisième ici, la quatrième ici, la cinquième ici, la sixième ici, la septième ici, la huitième ici, et la neuvième ici !
Rappel #2 : Guillaume Bignon est à l’affiche de notre prochaine formation #Transmettre – Introduction à la philosophie chrétienne. Plus d’infos et inscriptions en cliquant sur ce lien.
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Dans la partie précédente, nous remarquions que le matérialisme de Michel Onfray n’était aucunement établi par la science (et nous offrions même de bonnes raisons de penser que le matérialisme était faux). Nous poursuivons maintenant avec la liste des thèses plus concrètes que Michel Onfray pense être établies par la science, et incompatibles avec la religion. Il se plaint ainsi des réjections de ces thèses par le croyant : « Des chercheurs croient à l’éternité du monde ? A la pluralité des mondes ? (Thèses par ailleurs épicuriennes…) Impossible : Dieu a créé l’univers à partir de rien. Avant rien, il n’y a … rien. » (p.130)
Commençons par « l’éternité du monde ». La vue chrétienne sur le sujet est effectivement que le monde n’est pas éternel dans le passé ; il a été créé par Dieu, « au commencement », selon l’expression de Genèse 1 et Jean 1. Est-ce donc un problème vis-à-vis de nos connaissances scientifiques ? Pas le moins du monde. Je ne sais pas quels scientifiques Onfray a en tête quand il nous dit que « des chercheurs » croient à l’éternité du monde, mais la science moderne enseigne précisément le contraire. La totalité des preuves scientifiques dont on dispose aujourd’hui pointent vers un début de l’univers. Ce fait est pour le moins problématique pour l’athéisme, car c’est un principe basique et fondamental de métaphysique, que tout ce qui commence à exister doit avoir une cause.
Les choses n’apparaissent pas magiquement à partir du rien absolu, sans aucune explication. L’espace et le temps ayant ainsi un début, il s’ensuit que l’espace et le temps ont une cause, qui, en tant que cause de l’univers, est donc en dehors de l’espace et du temps : cette cause doit ainsi être immatérielle, non-spatiale, atemporelle (et donc éternelle), et incroyablement puissante, car capable de créer l’univers entier. Cette cause se recoupe précisément avec la conception chrétienne du Dieu créateur, et donc cette ligne de pensée a été employée à juste titre par les philosophes chrétiens pour supporter scientifiquement l’existence de Dieu.
Cet argument en faveur d’un créateur de l’univers s’appelle « l’argument cosmologique de Kalaam », et a généré une quantité incroyable de littérature académique discutant ses mérites. Pour rejeter sa conclusion, Michel Onfray n’a logiquement que deux alternatives : affirmer que l’univers peut apparaître spontanément à partir du néant absolu, sans l’ombre d’une cause ou explication ; ou bien rejeter le fait que l’univers admet un commencement, et maintenir plutôt la thèse qu’il suggère, « l’éternité du monde ». Mais dès lors, c’est lui qui tourne le dos à toutes les preuves scientifiques modernes, tout en accusant le chrétien de ce même obscurantisme. Les options de l’athée sur la question sont clairement peu attrayantes, et c’est le chrétien qui est en accord avec la science moderne quand il affirme qu’« au commencement, Dieu créa les cieux et la terre » (Genèse 1 :1).
Qu’en est-il ensuite de la « pluralité des mondes » ? Il fait ici probablement référence à la thèse du « multivers », qui postule que notre univers, avec ses lois de la nature et ses constantes, n’est qu’un univers parmi une large collection d’univers ayant tous des lois et des constantes physiques différentes. Michel Onfray ne nous dit pas quel problème cela poserait au chrétien si cette thèse s’avérait correcte. À vrai dire, il n’y a aucun conflit avec la doctrine de la création, et au contraire, elle révèle une autre raison importante de penser que notre univers est le fruit d’un dessein intelligent. Pourquoi certains théoriciens en sont-ils venus à postuler l’existence incroyable d’une infinité d’univers parallèles ?
La réponse est que la science moderne a découvert qu’un certain nombre des constantes intervenant dans les équations des lois fondamentales de la physique (la constante de gravitation, le quotient des masses de l’électron et du proton, etc.), ainsi qu’un certain nombre de quantités initiales de notre univers (la vitesse d’expansion, le niveau initial d’entropie, etc.) semblent avoir été ajustées avec une précision incommensurable, pour permettre la vie dans l’univers. Si ces constantes ou quantités avaient été ne serait-ce qu’une fraction plus petites ou plus grandes, la vie aurait été impossible où que ce soit dans l’univers.
Ce fait remarquable requiert une explication. Est-ce le hasard pur que l’univers permette la vie ? Aucune chance ! Les nombres sont tels qu’un univers ne permettant pas la vie aurait été littéralement des milliards de milliards de fois plus probable. Est-ce du à la nécessité physique ? Probablement pas non plus, car des variations de ces quantités et constantes auraient été compatibles avec nos mêmes lois de la nature ; il n’y a aucune raison de penser que ce fin réglage soit physiquement nécessaire. Mais donc il ne reste qu’une explication alternative plausible : l’univers exhibe un réglage fin pour permettre la vie, parce que…l’univers a été réglé finement dans le but de permettre la vie ! Mais donc cela implique encore une fois que l’univers a un créateur et designer, qui a finement réglé l’univers avec pour but de permettre l’existence de la vie.
La « pluralité des mondes » est donc une tentative pour peu désespérée de rescaper l’hypothèse de la chance : s’il y a une infinité d’univers parallèles avec des valeurs différentes, il devient moins improbable que l’un d’entre eux tombe par hasard sur les bons numéros et permette la vie. Cependant, deux problèmes rendent cette stratégie peu séduisante. D’abord, si notre univers n’était qu’un membre aléatoire de cette collection presque infinie, il est hautement improbable qu’il fût aussi grand. Parmi les univers qui permettent la vie, la probabilité d’avoir un univers largement plus petit que le notre est extrêmement haute, ce qui fait que la grande taille de notre univers sape l’hypothèse du hasard. Et deuxièmement, il n’y a tout simplement aucune preuve pour le multivers. Aucune. La seule raison de le postuler est d’éviter la conclusion que notre univers admet un designer. Mais donc c’est présupposer que Dieu n’existe pas, et ce n’est pas suivre les preuves scientifiques où elles nous mènent. Jusqu’ici, c’est donc bien le théiste qui a le privilège d’accepter la science moderne.
Ensuite, Michel Onfray mentionne évidemment « l’évolution et la transformation des espèces », et la thèse que l’homme descend du singe (p.131). Ce sujet est trop chargé pour que je le traite en détail ici, mais disons quelques mots à son sujet. D’abord, le terme « évolution », laissé tout seul, est extrêmement mal défini, et il faudrait commencer par préciser de quoi il s’agit avant de savoir si la thèse est établie et/ou incompatible avec la religion. En vérité, le terme regroupe en général plusieurs thèses : la théorie de la descendance commune, un tracé des relations historiques entre les espèces évoluant d’une en l’autre, et enfin un mécanisme, le Darwinisme, expliquant la diversité biologique par une succession de mutations génétiques aléatoires, filtrées ensuite par la sélection naturelle.
Une fois que chacune de ces thèses est proprement identifiée, le chrétien a deux options : admettre qu’une thèse est établie mais compatible avec la bible, ou admettre que la bible enseigne une vision contradictoire, mais rejeter la thèse comme non prouvée. Tous les chrétiens ne sont pas d’accord sur quelles thèses requièrent laquelle de ces deux réponses, mais je n’ai pas besoin de rentrer plus dans le détail ici, dans la mesure ou Onfray ne précise pas vraiment l’accusation. Je me contenterai donc pour l’heure de maintenir en réponse que « l’évolution », quelque soit la thèse qui est en vue, n’est pas une bonne raison de rejeter le christianisme biblique, et encore moins le théisme.
Michel Onfray mentionne alors l’âge de la terre, annonçant là encore un conflit entre la science moderne et l’enseignement biblique. Il dit que le datage de strates donne un âge du monde vieux, alors que « Les chrétiens affirment que le monde a quatre mille ans, ni plus ni moins » (p.131-132). Pardon ? D’abord, il n’y a pas qu’une vue sur le sujet chez « les chrétiens ». Il y a d’un côté ceux qui affirment que l’univers est vieux de 13,7 milliards d’années, tel que le modèle scientifique majoritaire le soutient. Mais même pour ceux qui affirment la vue opposée, les « créationnistes terre-jeune », qui soutiennent que la bible requiert une création plus récente et qui rejettent que la science ait solidement établi le contraire, ils affirment que l’univers a été créé il y a plus de quatre mille ans ! Je n’ai jamais entendu ce nombre proposé par qui que ce soit. Les créationnistes terre-jeune, selon les interprétations, affirment entre six et dix mille ans au moins. Une fois de plus, la critique d’Onfray manque donc sa cible.
Enfin, il explique que la haine supposée de la science provient de l’apôtre Paul lui même (p.133) : « la condamnation des vérités scientifiques – la théorie atomiste, l’option matérialiste, l’astronomie héliocentrique, la datation géologique, le transformisme, puis l’évolutionnisme, la thérapie psychoanalytique, le génie génétique – voilà les succès de Paul de Tarse qui appelait à tuer la science. Projet réussi au-delà de toute espérance ! »
Paul appelait à tuer la science ? Je me ferais un plaisir de corriger son exégèse si je savais où Michel Onfray va chercher tout cela, mais j’ignore sincèrement quel verset pourrait même être tordu pour étayer l’accusation (et j’ai une maîtrise en littérature biblique avec emphase sur le Nouveau Testament !) Bien au contraire, Paul affirme la valeur du monde physique, expliquant même dans Romains 1 que Dieu le créateur est révélé par sa création : « les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l’oeil, depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages. »
C’est une des nombreuses raisons pour lesquelles le chrétien peut être enthousiaste au sujet de la science : lorsqu’elle est faite proprement et sans présupposer l’athéisme de manière circulaire, ultimement, elle révèle et glorifie Dieu.
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Bienvenue à l’épisode #293 de Coram Deo, une émission qui porte un regard chrétien sur le monde. Ce podcast vous est présenté en partenariat avec Publications Chrétiennes et nos donateurs fidèles qui soutiennent généreusement notre travail.
Il y a cent ans cette année, le théologien John Gresham Machen publia un livre extrêmement important et qui est autant d’actualité un siècle plus tard: Christianity and Liberalism. Pour célébrer ce centenaire, et pour discuter de l’importance du sujet, Pascal Denault reçoit le théologien Meine Veldman.
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