Question #86 – Pourquoi l’Évangile a-t-il été prêché à certains peuples plutôt qu’à d’autres?

 

Question: Pourquoi l’Évangile a-t-il été prêché à certains peuples plutôt qu’à d’autres?

Réponse: L’Évangile n’étant dû à aucun homme, il a plu à Dieu, dans sa grâce et sa providence, de diriger les progrès de sa Parole dans le monde d’un peuple à l’autre. ~ Actes 16.6-10

 

Étudier l’histoire de l’Église, c’est aussi suivre la trajectoire de l’Évangile dans le monde. Si aujourd’hui nous pouvons constater la présence de l’Évangile sur tous les continents et son progrès partout dans le monde entier (Col 1.6), il fut un temps où le christianisme n’était pas tellement répandu en dehors des Églises de l’Orient et l’Occident. Sous l’Ancienne Alliance, Dieu n’a révélé sa Parole qu’à Jacob et « n’a pas agi de même pour toutes les nations » (Ps 147.19-20). Comment expliquer cette répartition inégale? Certains peuples auraient-ils été mieux disposés à devenir chrétiens que d’autres? Voici comment la confession de foi répond à cette question :

(Par. 3) En ce qui concerne la révélation de l’Évangile aux pécheurs, faite à plusieurs reprises et en plusieurs endroits, avec l’adjonction de promesses et de commandements pour l’obéissance qui y est requise, cela ne dépend que de la volonté souveraine et du bon plaisir de Dieu quant aux nations et aux individus à qui elle est accordée. Elle n’a pas été communiquée en vertu d’une promesse quelconque due au développement des capacités naturelles de l’homme, ou en vertu de la lumière commune reçue sans elle : en fait, personne n’a jamais fait ni ne peut faire telle promesse. Par conséquent, en tout temps, la prédication de l’Évangile a été accordée à des personnes et à des nations de façon très variée, selon le conseil du dessein de Dieu.

 

La première chose à souligner est qu’aucun peuple n’est prédisposé à recevoir l’Évangile. L’Éternel met en garde son peuple, avant de déposséder les nations cananéennes devant lui, afin qu’Israël ne se croie pas supérieur ou plus juste que ces nations, comme s’il avait en quelque sorte mérité la faveur de Dieu (Dt 7.7-8, 9.4-6). Si aucun peuple n’est collectivement prédisposé à recevoir l’Évangile, c’est parce qu’aucun homme n’est individuellement disposé à le recevoir (Rm 3.10-11) : « Il n’y a point de juste, pas même un seul ; nul n’est intelligent, nul ne cherche Dieu ; tous sont égarés, tous sont pervertis. »

L’idée que des hommes puissent s’améliorer par eux-mêmes grâce à leur bon usage de la lumière de la révélation générale et être ainsi disposés à recevoir la Parole de Dieu ne tient pas compte du fait que les hommes « retiennent injustement la vérité captive » (Rm 1.18) et la changent en mensonge afin de pouvoir adorer leurs faux dieux à leur guise (Rm 1.22-25). Toute manifestation de bonté, de sagesse et d’intelligence chez les païens est un témoignage de la grâce commune de Dieu pour préserver l’humanité et non du mérite humain (Gn 8.21-22 ; Jb 32.8 ; Ps 94.10 ; Ac 14.16-17 ; Rm 2.14-15).

Si aucune nation n’est fondamentalement meilleure qu’une autre et qu’aucun peuple n’attire sur lui la faveur divine pour être privilégié par l’Évangile en y étant plus réceptif, qu’est-ce qui explique ce privilège? Uniquement le bon plaisir divin! Lorsque Jésus déclare qu’il a visité certaines villes et pas d’autres et que le mystère du royaume a été révélé à certains, mais caché à d’autres, il conclut en disant (Mt 11.26) : « Oui, Père, je te loue de ce que tu l’as voulu ainsi. » Dieu n’a pas accordé le même privilège à toutes les nations (Ps 147.20 ; Ac 16.6-10). Et si ce privilège varie d’un peuple à l’autre, c’est qu’il varie d’une personne à l’autre puisque l’élection au salut est individuelle et non corporative (Rm 9.10-18).

Cela n’est-il pas injuste? Pourquoi certains auraient-ils le droit d’entendre l’Évangile tandis que d’autres en seraient privés? Pourquoi la foi serait-elle donnée à certains, tandis que les autres seraient laissés incrédules? C’est ici que la notion de grâce prend tout son sens. Personne n’a le droit d’entendre l’Évangile. Dieu n’est pas tenu d’envoyer la bonne nouvelle de Jésus-Christ à qui que ce soit. Ce n’est pas « juste » en effet que certains peuples seulement aient entendu et reçu l’Évangile, c’est une grâce. Ce qui est juste serait la condamnation unilatérale de tous les hommes (Rm 3.4,19). Mais l’Évangile dépasse la justice et accorde la grâce par pure grâce.

Pourquoi avez-vous eu le privilège d’entendre l’Évangile tandis que d’autres ne l’ont pas entendu? Pourquoi avez-vous compris le message de l’Évangile tandis que d’autres qui l’ont entendu ne l’ont pas compris? Pourquoi avez-vous répondu à l’appel de l’Évangile par la repentance et par la foi, tandis que d’autres l’ont rejeté? Ce n’est pas vous-mêmes que vous devez féliciter pour avoir fait la différence (Rm 3.27), mais c’est Dieu que vous devez remercier (Col 1.12).

Si la société d’aujourd’hui rejette dédaigneusement l’héritage du christianisme, celui-ci était la norme culturelle du contexte social dans lequel la confession de foi a été écrite. Conscients qu’une culture chrétienne était une grâce, les auteurs de cette confession terminèrent néanmoins ce chapitre en rappelant qu’une simple adhésion sociale au christianisme n’était pas suffisante pour être un vrai chrétien.

(Par. 4) Bien que l’Évangile soit le seul moyen extérieur de révéler Christ et sa grâce salutaire, et qu’il soit, en lui-même, amplement suffisant pour ce but, cependant, pour que des hommes qui sont morts dans leurs transgressions puissent naître de nouveau, être rendus à la vie ou régénérés, il faut en plus l’œuvre efficace et irrésistible de l’Esprit saint dans toute l’âme, pour produire en eux une vie nouvelle spirituelle. Aucun autre moyen n’accomplira leur conversion à Dieu.

 

Il faut, pour être chrétien, plus qu’une appartenance à une culture ou à une tradition chrétienne. Un chrétien est une nouvelle créature par le Saint-Esprit (2 Co 5.17 ; Ga 6.15) et pas simplement une personne de religion chrétienne. S’il est vrai que l’Esprit saint n’œuvre pas dans les cœurs sans la Parole de Dieu, il faut également préciser que la Parole de Dieu n’y œuvre pas non plus sans le Saint-Esprit. Il est possible d’adhérer intellectuellement aux vérités du christianisme sans avoir une vraie foi (2 Tm 3.15 ; Jc 2.19). Mais il est impossible d’avoir une vraie foi sans avoir été irrésistiblement attiré à Christ par Dieu (Jn 6.44). Ceux qui viennent ainsi à Christ ont été régénérés par le Saint-Esprit.

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Pascal Denault est pasteur de l’Église réformée baptiste de St-Jérôme. Il est titulaire d’une Licence (BA) et d’un Master en théologie (ThM) de la Faculté de théologie évangélique de Montréal. Pascal est l’auteur des livres Le côté obscur de la vie chrétienne (2019, Éditions Cruciforme) – Une alliance plus excellente (2016, Impact Académia) – Solas, la quintessence de la foi chrétienne (2015, Cruciforme) – The Distinctiveness of Baptist Covenant Theology (2017 Revised Edition, Solid Ground Christian Books).