La continuité et la discontinuité entre l’Ancien et le Nouveau Testament

Une des questions difficiles de l’Écriture est le rapport entre l’Ancien et le Nouveau Testament. Pour certains chrétiens il y a très peu de continuité entre les deux, tandis que pour d’autres les divergences sont mineures et ne touchent pas à la substance des alliances qui sont mises de l’avant dans les deux testaments. D’un bout à l’autre de ces deux extrêmes, on retrouve une foule de considérations qui sont déterminantes pour la théologie et l’ecclésiologie. À cet effet, Spurgeon écrit:

La doctrine de l’alliance est à la base de toute véritable théologie. Il a été dit que celui qui comprend bien la distinction entre l’alliance des œuvres et l’alliance de la grâce est un maître en théologie. Je suis persuadé que la plupart des erreurs que les hommes commettent concernant les doctrines de l’Écriture sont basées sur des erreurs fondamentales en ce qui concerne les alliances de la loi et de la grâce[1]

 

Le 5 octobre prochain, j’aurai le privilège de participer à un colloque organisé par SEMBEQ sur cette question. Le professeur Stephen Wellum sera l’invité spécial de cette conférence et les autres conférenciers défendront la théologie de la Nouvelle Alliance (René Frey) et le dispensationalisme (Gilles Despins).

Pour ma part je présenterai la théologie des alliances dans une perspective baptiste (TAB). Cette perspective était celle des baptistes calvinistes d’Angleterre au 17e siècle qui ont rédigé la deuxième Confession de foi baptiste de Londres de 1689.

La TAB s’inscrit dans l’orthodoxie protestante qui distingue entre la Loi et l’Évangile et plus particulièrement l’approche réformée qui reconnait deux alliances théologiques fondamentales à l’histoire de la rédemption, à savoir l’alliance des œuvres (la Loi) et l’alliance de grâce (l’Évangile).

Cependant, la TAB n’adhère pas à la compréhension majoritaire des réformés qui voient l’ancienne et la nouvelle alliance comme deux administrations d’une même alliance de grâce. Les réformés baptistes considèrent plutôt que l’alliance de grâce fut révélée progressivement sous, et distinctement de l’ancienne alliance avant d’être conclue formellement dans le sang de la nouvelle alliance. Autrement dit, la nouvelle alliance est la substance de l’alliance de grâce; promise sous l’AT et conclue dans le NT.

Cette approche historique intègre la révélation biblique en mettant de l’avant à la fois des éléments de continuité et de discontinuité entre les deux testaments. Nous verrons ainsi sous l’angle de la continuité, concernant la Loi divine, que la Loi morale transcende les deux alliances puisqu’elle reflète le caractère saint et inchangeable de Dieu et qu’elle est la norme universelle et permanente qui régit tout homme (Mt 5.18 ; Rm 2.14-15 ; 1 Pi 1.15-16). Il n’y a qu’une Loi morale qui est la Loi du Père et du Fils qui ne sont qu’Un (Jn 15.10). Cette Loi morale cependant n’accomplit pas la même fonction dans les deux alliances bien qu’elle soit la même Loi. Sous l’ancienne alliance elle avait des visées pédagogiques et typologiques pour conduire au Christ en étant un ministère de mort et de condamnation (2 Co 3.7-11 ; Ga 3.10-25). Sous la nouvelle alliance, une fois accomplie activement et passivement par le Médiateur (Mt 5.17 ; Rm 5.18-19, 7.4, 8.3-4 ; Ga 3.13), la Loi sert de règle de conduite pour diriger la vie des enfants du royaume (Mt 5.19-20, 7.12 ; Rm 13.8-10 ; 1 Jn 2.3-4, 5.2-3).

Cette compréhension de la continuité/discontinuité de la Loi repose sur la distinction de la Loi morale comme règle apodictique par rapport aux autres lois de l’AT qui étaient des lois positives qui, par conséquent, n’avaient pas un caractère permanent et qui expirèrent avec l’ancienne alliance tout en conservant une équité générale pour l’Église (1 Co 7.19, 9.8-10 ; Col 2.16-17 ; Hé 8.13). En deuxième partie nous distinguerons donc le Sabbat (loi morale permanente), des sabbats (lois positives temporaires). Nous verrons comment la rédemption de Jésus a accompli non seulement la théologie du sabbat, mais a transformé la célébration de celui-ci pour le peuple de la nouvelle alliance en un nouveau sabbat appelé Jour du Seigneur (Hé 4.9-10 ; Ap 1.10).

 

Si ce colloque vous intéresse,
inscrivez-vous ici

 

 

 

Notes et références :

[1] C.H. Spurgeon, « Sermon XL, The Covenant », The Sermons of Rev. C.H. Spurgeon of London, 9th Series, New York, Robert Carter & Brothers, 1883, p. 172.

 

 

 

 

Abonnez-vous au Bon Combat

Recevez tous nos nouveaux articles directement sur votre boîte mail ! Garanti sans spam.

Pascal Denault est pasteur de l’Église réformée baptiste de St-Jérôme. Il est titulaire d’une Licence (BA) et d’un Master en théologie (ThM) de la Faculté de théologie évangélique de Montréal. Pascal est l’auteur des livres Le côté obscur de la vie chrétienne (2019, Éditions Cruciforme) – Une alliance plus excellente (2016, Impact Académia) – Solas, la quintessence de la foi chrétienne (2015, Cruciforme) – The Distinctiveness of Baptist Covenant Theology (2017 Revised Edition, Solid Ground Christian Books).