Charles Spurgeon : « Le libre arbitre ? Un esclave »

Cet article est une traduction du célèbre sermon de Charles Spurgeon sur le libre arbitre, « Free Will: A Slave« , prêché le 2 décembre 1855 à New Park Street Chapel, Southwark.

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« Vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie ! »
(Jean 5 :40)

Ce verset est l’un des plus puissants qu’utilise la religion centrée sur l’homme. L’ayant installé sur leurs murailles, les hommes l’emploient avec grand fracas contre les pauvres chrétiens qui s’attachent à la Bible. J’ai l’intention ici de pourfendre ce canon, ou plutôt de le retourner sur l’adversaire, parce qu’il ne leur a jamais appartenu. Il n’a pas été coulé dans leur fonderie, mais il vise au contraire à enseigner la vérité qui s’oppose précisément à leurs assertions.

On découpe habituellement ce texte de la manière suivante : 1. L’homme a une volonté ; 2. Il est entièrement libre ; 3. Il doit se pousser lui-même à vouloir aller à Christ, sans quoi il ne peut être sauvé. Mais je m’oppose farouchement à un tel dépeçage, et je m’efforcerai pour ma part de considérer le texte d’une manière plus calme. Je ne conclurai pas automatiquement, parce qu’il parle de « vouloir » ou de « ne pas vouloir », que le texte enseigne la doctrine du libre arbitre.

Il a déjà été démontré au-delà de toute controverse que le libre arbitre est une absurdité. La liberté ne peut pas davantage appartenir à la volonté que l’analyse pondérale n’est propre à l’électricité. Ce sont deux choses entièrement différentes. Nous pouvons croire au pouvoir de choisir, mais une liberté de choix est tout simplement ridicule. Tout le monde sait bien que la volonté est dirigée par l’intelligence, poussée par les motivations, guidée par d’autres parties de l’être, et qu’elle n’est qu’une chose de second degré.

La philosophie et la religion réfutent d’emblée la pensée même du libre arbitre. Et j’irai aussi loin que la grande assertion de Martin Luther :

« Si quelqu’un attribue quoi que ce soit du salut, même la plus petite part, au libre arbitre de l’homme, cette personne ne connaît rien de la grâce et n’a pas connu la vérité sur Jésus-Christ ».

Cela peut sembler un sentiment dur, mais celui qui croit en son âme que l’homme se tourne vers Dieu de par son libre arbitre ne peut avoir été instruit de Dieu. En effet, l’un des premiers principes que celui-ci enseigne en commençant son œuvre en nous est que nous n’avons ni volonté ni puissance, mais qu’il nous donne les deux. Il est « l’alpha et l’omega » dans le salut de l’homme. Loin d’affirmer que l’homme vient à Christ de sa propre volonté, le texte le renie avec vigueur et force. Il déclare : « Vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie ! »

Ami, je suis sur le point de m’écrier : Tous les adeptes du libre arbitre ne savent-ils rien pour oser s’opposer ainsi à l’inspiration divine ? Tous ceux qui nient la doctrine de la grâce libre et souveraine n’ont-ils point d’intelligence ? Se sont-ils tellement détournés de Dieu qu’ils tordent ce texte pour prouver leur libre arbitre ? Cela n’empêche pas la Bible de dire : « Vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie ! »

 

 

L’homme est mort par nature

« Vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie ! »

Personne ne court après la vie s’il la possède déjà en lui-même. Le texte parle avec force lorsqu’il dit : « Vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie ! ». Sans le dire directement, il affirme cependant que l’homme a besoin d’une vie supérieure à celle qu’il possède de nature. Ami lecteur, nous sommes tous morts si nous n’avons pas été engendrés pour une espérance vivante.

 

Par nature, nous sommes tous légalement morts

« Le jour où tu en mangeras, tu mourras certainement », dit Dieu à Adam. Bien que ce dernier ne soit pas mort physiquement à cet instant-là, il mourut cependant dans un sens légal. C’est-à-dire que l’arrêt de mort fut enregistré contre lui dès le moment de sa transgression. Dès que le président du tribunal, en sa qualité de juge, prononçait autrefois la peine capitale, l’homme était tenu pour mort à l’égard de la loi. Un mois pouvait s’écouler entre le prononcé de cette sentence et son exécution, mais la loi considérait dès cet instant ce condamné comme un homme mort. Il lui était désormais impossible de procéder à toute transaction. Il ne pouvait ni hériter ni léguer. Il n’était plus rien, sinon un homme mort. Le pays ne le considérait plus comme vivant en son sein. S’il y avait une élection, il ne pouvait pas voter parce qu’on le regardait comme mort. Il était enfermé dans sa cellule de condamné, et il était mort.

Et vous, pécheur impie qui n’avez jamais eu la vie en Christ, vous êtes encore vivant aujourd’hui, en sursis. Mais, savez-vous qu’en fait, vous êtes légalement mort ? Dieu vous considère comme tel. Savez-vous que, le jour où votre père Adam toucha le fruit, et lorsque vous-même avez péché, Dieu se leva en sa qualité de Juge éternel et vous condamna ?

Vous parlez abondamment de votre statut, de votre bonne moralité. Où se trouvent toutes ces choses ? L’Écriture déclare que vous êtes « déjà condamné ». Au moment même où vous avez péché, votre nom fut inscrit dans le sombre livre de la justice. Dieu condamna alors chacun de nous à mort, à moins qu’il ne se trouve un substitut pour nos péchés en la personne de Christ.

Que penseriez-vous si vous alliez au tribunal et voyiez le coupable condamné assis sur son banc en train de rire et de s’égayer ? Vous vous diriez : « Cet homme est fou car il est condamné et va être exécuté. Pourtant le voilà qui rit ! » Et quelle n’est pas la folie qui caractérise l’homme du monde ! Alors qu’une sentence de mort est retenue contre lui, il vit dans la gaieté et le rire ! Pensez-vous que la sentence de Dieu n’ait pas de puissance ? Pensez-vous que votre péché, éternellement gravé sur le roc avec une plume d’acier, ne renferme aucune horreur ?

Dieu a dit que vous êtes déjà condamné. Si seulement vous sentiez la réalité de cette sentence, cela mélangerait l’amertume à la douceur de votre coupe d’insouciance. Vos danses s’arrêteraient et vos rires s’éteindraient en plaintes, si vous vous souveniez que vous êtes déjà condamné. Nous devrions tous pleurer si nous prenions vraiment ceci à cœur. Nous n’avons, par nature, aucune vie devant Dieu. Nous sommes, effectivement et positivement, condamnés, et cette condamnation est déjà enregistrée contre nous. Dieu nous considère, maintenant en nous-mêmes, aussi morts que si nous étions déjà jetés en enfer.

Le péché nous condamne dès à présent. Nous n’en souffrons pas encore le plein châtiment, mais celui-ci est déjà préparé pour nous. Nous sommes légalement morts, et nous ne pouvons trouver la vie à moins que ce ne soit la vie légale qui réside en la personne de Christ.

 

Par nature, nous sommes aussi morts spirituellement

La sentence ne fut pas seulement enregistrée  dans un livre, mais elle toucha le cœur, pénétra dans la conscience et opéra sur l’âme et le jugement, sur l’imagination et l’être tout entier. « Le jour où tu en mangeras, tu mourras certainement. »

Cette parole n’est pas seulement l’écriture d’une sentence, mais aussi une réalité qui prit place en Adam lui-même. Le jour où il mangea du fruit, son âme mourut aussi réellement que ce corps qui m’enveloppe mourra à un certain moment, que le sang s’arrêtera, le pouls cessera et l’air n’enflera plus les poumons.

L’imagination d’Adam perdit son puissant pouvoir de s’élever vers les choses célestes et de voir le ciel. Sa volonté perdit sa puissance à toujours choisir ce qui est bon. Son jugement perdit capacité de juger résolument et infailliblement entre le bien et le mal, bien qu’un certain reste ait été retenu dans la conscience. La mémoire d’Adam se tacha et découvrit une capacité à retenir des choses mauvaises tout en laissant des choses justes s’échapper. Chacune des forces de l’homme cessa de fonctionner quant à sa vitalité morale. La bonté, qui était la vitalité de ses forces, disparut. La vertu, la sainteté et l’intégrité, qui composaient la vie de l’homme, s’enfuirent, et il mourut. En ce qui concerne les choses spirituelles, tout homme est désormais spirituellement «mort par ses offenses et par ses péchés ».

Chez l’homme naturel, l’âme n’est pas moins morte que le corps ne l’est lorsqu’on le met en terre. Elle est réellement et positivement morte, et non pas seulement dans un sens métaphorique. Paul ne parle pas en métaphore lorsqu’il dit : « Vous qui étiez morts par vos offenses et par vos péchés » (Ephésiens 2 :1).

Ami lecteur, j’aimerais que ce soit à votre cœur dont je parle ici. C’était assez terrible lorsque, tout à l’heure, je décrivais la mort comme ayant été enregistré contre vous. Voici que j’en parle comme étant effectivement survenue dans votre cœur. Vous n’êtes pas ce que l’homme fut autrefois, au temps de sa création en Adam. Il était alors pur et saint. Vous n’êtes pas la créature parfaite dont certains se vantent. Vous êtes entièrement déchu, vous vous êtes écarté du chemin, vous vous êtes corrompu et souillé. N’écoutez pas le chant de sirène de ceux qui vous parlent de votre dignité morale, et de votre puissante élévation dans les choses concernant le salut. Vous n’êtes pas parfait. Ce terrible mot « ruine » est écrit sur votre cœur, et la mort est gravée sur votre esprit.

Et vous, qui pensez être un homme moral, n’imaginez pas que vous serez capable de vous tenir devant Dieu dans votre moralité. Vous n’êtes rien de plus qu’une carcasse embaumée de légalisme, un cadavre revêtu de vêtements somptueux, mais cependant corrompu aux yeux de Dieu. Et ne pensez pas, vous qui possédez une religion naturelle, pouvoir vous rendre acceptable devant Dieu par votre propre force et votre puissance. Vous êtes mort ! On peut revêtir les morts aussi glorieusement qu’on le veut, ce n’en est pas moins une moquerie solennelle.

Voilà Cléopâtre qui repose sur son lit de mort. Ceignez-lui le front de sa couronne, habillez-la des vêtements royaux, entourez-la du grand apparat. Mais, quel frisson glacé vous transperce lorsque vous l’approchez ! Elle est encore belle, même dans la mort, mais quelle horreur que de se tenir aux côtés d’une morte, même si elle était reine et réputée pour sa majestueuse beauté !

Vous possédez peut-être la gloire de votre beauté et de votre gentillesse. La couronne de l’honnêteté ceint votre front, et les vêtements de l’intégrité vous habillent. Mais, si Dieu ne vous a pas éveillé, si l’Esprit n’a pas touché votre âme, vous êtes aussi répugnant au regard de Dieu que l’est un cadavre à vos yeux.

Vous refuseriez qu’on assoie un cadavre à votre table. Pareillement, Dieu n’aime pas vous voir devant lui. Il est en colère contre vous continuellement, car vous êtes dans le péché, vous êtes dans la mort. Croyez-le, et que cette vérité pénètre dans votre âme. Emparez-vous d’elle, car votre mort, spirituelle et légale, est une vérité incontournable.

 

Notre mort est une mort éternelle

C’est l’exécution de la sentence légale et la consommation de la mort spirituelle. La mort éternelle est celle de l’âme, et elle prend place après que le corps, dont l’âme s’est séparée, soit mis au tombeau. La mort légale est terrible en raison de ses conséquences, et la mort spirituelle est redoutable à cause de ce qui lui sont les racines, et la mort qui doit venir en est la fleur.

Si seulement j’avais les mots pour vous décrire ce qu’est la mort éternelle ! L’âme est passée devant son Créateur, le livre a été ouvert et la sentence a été prononcée. Les mots : « Retirez-vous de moi, maudits » ont secoué l’univers, et la désapprobation du Créateur a fait pâlir les sphères célestes. L’âme s’est dirigée vers les profondeurs où elle demeurera avec d’autres dans la mort éternelle. Quelle situation horrible lui échoit. Elle se couche sur un lit de flammes. Elle subit des visions meurtrières qui terrifient son esprit. Elle entend des hurlements, des gémissements, des grognements et des plaintes. Son corps ne connaît plus autre chose que l’infliction des douleurs atroces ! Elle vit un malheur indescriptible, une misère absolue.

Alors, cette âme élève les regards, mais l’espérance s’est éteinte et a disparu. Elle abaisse ses yeux avec terreur et crainte, car le remord s’en empare. Elle regarde à droite, mais les murs inflexibles du destin la gardent à l’intérieur des limites de ses tortures. Elle se tourne à gauche, mais le rempart d’un feu ardent lui interdit même l’échappatoire d’un rêve spéculatif d’évasion. Elle rentre à l’intérieur pour y chercher quelque consolation, mais in ver rongeur a pénétré en son être. Elle regarde autour d’elle. Il n’y a plus d’amis pour l’aider, ni de consolateurs, mais seulement une abondance de bourreaux.

Elle perd alors tout espoir de délivrance. Elle a entendu la clé éternelle de la destinée tourner avec un horrible cliquetis définitif, et elle a vu Dieu prendre cette clé et la jeter dans les profondeurs de l’éternité afin qu’on ne la retrouve plus. Cette âme a perdu tout espoir, elle ne connaît aucune voie d’évasion et n’imagine plus aucune délivrance.

Elle soupire après la mort, mais celle-ci est devenue son ennemie et s’est enfuie. L’âme désire se faire avaler par quelque non-existence. Comme l’ouvrier attend avec impatience son repos, elle soupire pour qu’on lui accorde au moins l’extermination, mais cette mort éternelle ne connaît pas d’annihilation.

L’âme désire se faire avaler par le néant tout autant que le galérien rêve de liberté. Mais le néant ne vient pas, car cette âme est éternellement morte.

Lorsque l’éternité aura dévidé les multitudes de ses cercles infinis, cette âme sera toujours morte. « Pour toujours » ne connaît pas de fin, et seule l’éternité peut décrire l’éternité. Après tout ce temps, pour ainsi dire, l’âme voit encore écrit au-dessus de sa tête : « Maudite pour toujours ». Elle entend des hurlements qui doivent être perpétuels, elle voit des flammes qui ne peuvent s’éteindre, elle souffre des douleurs sans mélange.

Elle entend sa sentence qui gronde et roule, non comme un orage de la terre, si rapidement remplacé par le silence, mais comme un tonnerre qui continue sans cesse de secouer les échos de l’éternité, faisant vibrer des milliers d’années du son terrifiant : « Eloignez-vous, éloignez-vous, maudits ! » Voilà ce qu’est la mort éternelle.

 

 

La vie en Jésus-Christ

« Vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie ! »

Pour un pécheur, il n’y a aucune vie disponible en Dieu le Père, ni chez le Saint-Esprit en dehors de Jésus. La vie d’un pécheur est en Christ. Ne prenez pas le Père sans le Fils car, même si Dieu aime ses élus et a décrété qu’ils vivront, cette vie n’est disponible qu’en son Fils. Ne prenez pas le Saint-Esprit sans Jésus-Christ car, bien que ce soit lui qui nous donne la vie spirituelle, cette vie est en Christ, le Fils de Dieu. Nous n’osons ni ne pouvons demander directement la vie spirituelle au Père ou au Saint-Esprit.

Le premier acte vers lequel Dieu nous dirige lorsqu’il nous fait sortir de l’Égypte du péché consiste à manger la Pâque, l’Agneau immolé. C’est là la toute première chose et le premier moyen par lequel nous recevons la vie. Nous nous nourrissons de la chair et du sang du Fils de Dieu, nous vivons en lui, plaçant notre confiance en lui et croyant en sa grâce et sa puissance.

De même que nous avons vu trois aspects en ce qui concerne la mort de l’homme pécheur, il existe trois sortes de vie en Christ.

 

Il y a une vie légale en Christ

Tout homme naturel considéré en Adam fait face à une sentence de condamnation prononcée à son encontre au moment du péché d’Adam, et plus particulièrement au moment de sa première transgression. De même, si nous croyons en Christ, une sentence légale d’acquittement a été prononcée à notre compte en raison de l’œuvre de Jésus-Christ. Pécheur coupable, vous êtes peut-être aujourd’hui, tout aussi condamné que les occupants de nos prisons. Mais, avant que ce jour ne décline, vous pouvez être aussi libre de toute culpabilité que les anges dans le ciel.

Il existe une vie légale réelle en Christ et, béni soit Dieu, certains d’entre nous en jouissent déjà. Nous savons que nos péchés sont pardonnés car Christ en a souffert le châtiment. Nous savons que nous ne pourrons jamais être punis nous-mêmes, car Jésus a déjà souffert à notre place. La Pâque a été immolée pour nous, le linteau et les poteaux de notre vie ont été recouverts du sang, et l’ange de destruction ne peut plus nous toucher. Il n’y a plus d’enfer pour nous, bien que celui-ci luise d’une terrible flamme. Que l’on prépare le bûcher ancien de la géhenne, qu’on y apporte du bois et que beaucoup de fumée en sorte, nous ne pouvons jamais aller en ce lieu. En effet, Christ est mort pour nous.

Et s’il y avait des chevalets d’horribles tortures, et les plus terribles réverbérations des grondements du tonnerre ? Rien de tout cela ne sera pour nous ! Nous sommes dès à présent délivrés en Jésus-Christ. « Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui croient en Jésus-Christ ».

Homme pécheur, êtes-vous légalement condamné aujourd’hui ? Le ressentez-vous ? Alors, écoutez ; la foi en Christ vous déclarera votre acquittement légal. Ami, notre condamnation en raison de nos péchés n’est pas une chimère mais une réalité. De même, l’acquittement des croyants est aussi une réalité. Si l’homme qui est sur le point d’être exécuté reçoit la grâce présidentielle, il la brandit comme une grande réalité. « J’ai été grâcié, dit-il, personne ne peut me toucher maintenant. » Et je me sens comme lui.

« Jésus-Christ est ma justice,
Son sang a coulé pour moi ;
Je trouve en son sacrifice ;
Paix et pardon par la foi. »

 

Le chrétien a obtenu la vie légale en Christ, telle qu’il ne peut la perdre. La sentence s’est dressée autrefois contre lui, mais elle a maintenant disparu pour lui. Il est écrit : « Il n’y a donc maintenant aucune condamnation. » Ce maintenant me suffira tout autant dans cinquante ans qu’il le fait aujourd’hui. Quelque soit la durée de ma vie, il sera toujours écrit : « Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ. »

 

Il y a aussi une vie spirituelle en Jésus-Christ

L’homme est spirituellement mort, mais Dieu a une vie spirituelle pour lui, car il n’y a pas de besoin auquel Jésus ne réponde, ni ne vide dans le cœur humain que Christ ne puisse combler. Il remplit tout désert et fait fleurir comme une rose toute étendue aride.

Vous, pécheurs, spirituellement morts, écoutez : La vie est en Jésus-Christ. Mes propres yeux ont vu les morts revivre à nouveau. J’ai connu l’homme, dont l’âme était totalement corrompue, rechercher la justice par la puissance de Dieu. J’ai vu l’homme, dont les vues étaient charnelles, les convoitises puissantes et les passions fortes, se consacrer à Jésus-Christ et devenir un enfant de Dieu, soudainement et par une puissance céleste irrésistible.

Je sais qu’il y a une vie d’ordre spirituel en Jésus-Christ. Plus encore, j’ai ressenti en moi-même la réalité de cette vie spirituelle. Je n’ai pas encore oublié les jours où je venais à la maison de Dieu, aussi mort que la chaise sur laquelle j’étais assis. J’avais déjà entendu maintes fois le message de l’Évangile, mais sans aucun effet.

Puis, soudain, comme si un ange puissant était venu ouvrir mes oreilles de ses doigts, un son a pénétré en mon cœur. Je pensais entendre Jésus me dire : « Que celui qui a des oreilles pour entendre entende. » Une main irrésistible se plaça sur mon cœur et en fit sortir une prière. Je n’avais jamais prié de la sorte auparavant. Je me suis alors écrié : « O Dieu, sois apaisé envers moi qui suis pécheur. »

Certains d’entre nous avions ressenti depuis des mois comme si une main nous pressait, comme si nous avions été pris dans un étau, et notre âme versait des grumeaux d’angoisse. Cette misère annonçait la venue de la vie. L’homme qui se noie ressent moins la douleur alors qu’il est dans l’eau que lorsqu’on l’en a retiré.

Nous nous rappelons ces douleurs, ces gémissements, ce combat vivant qui étreignait notre âme alors qu’elle venait à Christ. Nous pouvons nous rappeler du moment où nous avons reçu ce don de notre vie spirituelle aussi facilement qu’un homme pourrait se rappeler de sa délivrance de la tombe.

Nous pouvons supposer que Lazare se souvenait de sa résurrection, sans peut-être s’en rappeler toutes les circonstances. Ainsi, bien que nous en ayons oublié une grande partie, nous nous rappelons le moment où nous nous sommes donnés à Christ. Nous pouvons dire à tout pécheur, aussi mort soit-il : « La vie est en Jésus-Christ, même si vous gisez dans la pourriture et la corruption de la tombe. » Celui qui ressuscité Lazare d’entre les morts nous a aussi ressuscités. Et il peut encore dire, oui, même à vous : « Lazare, sors. »

Il y a enfin une vie éternelle en Jésus-Christ

Si la mort éternelle est terrible, la vie éternelle, elle, est bénie, car Christ a dit : « Je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis vous y soyez aussi. » Il priait aussi son Père en disant : « Père, je veux que là où je suis ceux que tu m’as donnés soient aussi avec moi, afin qu’ils voient ma gloire. » « Je donne la vie éternelle à mes brebis, et elles ne périront jamais. » Or, tout adepte du libre arbitre qui décide de pêcher sur ce texte doit se procurer une paire de lèvres en caoutchouc. Il lui faudra en effet accomplir de surprenantes contorsions de la bouche, à moins qu’il n’accepte d’annoncer la vérité entière, sans faire aucun zigzag ou gesticulation bizarre.

La vie éternelle n’est pas quelque chose que l’on perd, mais elle dure pour l’éternité. J’ai perdu la vie en Adam, mais je l’ai gagnée en Christ. J’étais perdu pour toujours, mais je me trouve désormais éternellement en Jésus-Christ. Une vie éternelle, quelle pensée merveilleuse ! Mes yeux pétillent de joie et mon âme brûle d’extase à la pensée que je possède la vie éternelle. Étoiles du firmament, que Dieu place son doigt sur vous, et vous vous éteindrez, mais mon âme vivra dans le bonheur absolu et dans la joie. Soleil, tu peux t’endormir, mais mes yeux verront la splendeur du grand roi lorsque ta gloire aura disparu de l’univers.

Et toi, lune, transforme-toi en sang, mais mon sang ne connaîtra jamais le néant. Mon esprit existera alors que tu auras cessé de parcourir l’espace. Et toi, monde majestueux ! Tu seras roulé comme l’écume d’un instant roule sous la vague qui la porte. Quant à moi, je possède la vie éternelle.

O temps, tu verras des montagnes géantes mourir et descendre dans leur tombe, et les étoiles chuter comme des figues mûres tombent de l’arbre, mais jamais tu ne verras mon esprit mort.

 

 

Tous ceux qui cherchent la vie éternelle la recevront

Aucun homme n’est jamais venu à Christ pour recevoir la vie éternelle, la vie légale, et la vie spirituelle, sans l’avoir d’une certaine manière déjà reçue. Et il lui fut manifesté peu après sa venue qu’il l’avait reçue.

Regardons un ou deux textes : « Il peut sauver parfaitement ceux qui s’approchent de Dieu par lui. » Quiconque vient à Christ trouvera qu’il est capable de le sauver à la perfection. Il ne recevra pas un petit salut, la délivrance d’un petit péché, l’aide dans une petite épreuve, la force sur un petit bout de chemin avant d’être abandonné.

Non, Christ sauve l’homme jusqu’aux limites de son péché, jusqu’à l’extrême longueur de ses épreuves, jusqu’à l’extrême profondeur de ses douleurs, jusqu’aux frontières de son existence.

Christ a dit à quiconque vient à lui : « Viens, pauvre pécheur, inutile de te demander si j’ai la puissance pour sauver. Je ne te demanderai pas jusqu’où tu es tombé dans le péché. Je sauve parfaitement ceux qui viennent à moi. »

Personne sur terre ne peut dépasser ce « parfaitement » de Dieu.

Voyons cet autre texte : « Je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi » (notez que les promesses s’adressent presque toujours à ceux qui viennent).

Quiconque vient trouvera ouverte la porte de la maison de Christ, ainsi que celle de son cœur. Quiconque vient (je le dis dans le sens le plus large) trouve en Christ de la miséricorde disponible pour soi. La plus grande absurdité du monde consiste à vouloir posséder un évangile plus large que celui annoncé dans l’Écriture. Je prêche que tout homme qui croit sera sauvé, que tout homme qui vient recevra la miséricorde.

Certains me demandent : « Supposez qu’une personne qui ne soit pas élue vienne, sera-t-elle sauvée ? » Allez, vous supposez une bêtise, et je ne vous répondrai pas. Celui qui n’est pas élu ne viendra jamais. Sa venue serait une preuve certaine de son élection. Tel autre dit : « Supposez qu’une personne aille à Christ sans avoir été appelée par l’Esprit. » Arrêtez, mon ami ! Vous n’avez aucun droit de formuler cette supposition, car une telle chose ne peut arriver. Vous ne dites cela que pour chercher à m’embrouiller, mais vous n’y arriverez pas ainsi.

J’affirme que quiconque vient à Christ sera sauvé. Je peux dire cette vérité tout aussi clairement que vous le pouvez. Je n’ai pas un Évangile plus étriqué que le vôtre, mais le mien s’appuie sur un fondement solide, alors que le vôtre ne repose sur rien de plus que du sable et du néant. « Celui qui vient sera sauvé, car nul ne peut venir à moi si le Père ne l’attire. »

Quelqu’un d’autre dira : « Mais supposez que le monde entier vienne, Christ recevra-t-il tout le monde ? » Certainement, si tous venaient. Mais ils ne viendront pas.

Je vous affirme que Christ reçoit tous ceux qui viennent, oui, même s’ils ont été aussi mauvais que des démons. Christ acceptera même ceux dont le cœur déborde, comme un grand égout de la société, de tous les péchés et de toute la souillure du monde. Oui, Christ les recevrait s’ils venaient.

On dira encore : « Je pense aux autres homme. Puis-je aller leur dire : Jésus-Christ est mort pour chacun d’entre vous ? Puis-je dire : Il y a de la justice pour chacun d’entre vous, il y a de la vie pour chacun d’entre vous ? » Non, vous ne le pouvez pas.

En revanche, vous pouvez annoncer : « Il y a la vie pour quiconque vient ». Mais si vous affirmez  qu’il y a la vie pour l’un de ceux qui ne croient pas, vous prononcez un terrible mensonge. Si vous leur dites que Jésus-Christ a été puni pour leurs péchés, alors qu’ils iront à la perdition, vous prononcez un mensonge délibéré. Dieu punirait-il Christ puis ensuite la personne elle-même ? Quelle audace impudente !

Un pasteur prêchait un jour en annonçant qu’il y avait dans le ciel des harpes et des couronnes préparées pour tout son auditoire. Puis il conclut d’une manière très solennelle : « Mes chers amis, il y en a beaucoup parmi vous pour qui ces choses sont préparées en vain. » En fait, il termina son message d’une manière lamentable, comme on aurait pu s’y attendre. Mais je vous le dis : c’est pour les anges célestes et tous les saints glorifiés qu’on aurait dû se lamenter, car la situation qu’il avait décrite détruisait toute la beauté de ciel.

Lorsque la famille se réunit à Noël, si vous avez perdu votre frère durant l’année, et que son siège soit vide, vous dites : « Nous avons toujours eu de la joie à Noël, mais aujourd’hui, nous éprouvons une grande peine, car ce pauvre frère est mort et enterré ! » Pensez aux anges qui diraient : « Quel merveilleux royaume céleste ! Mais, quel malheur de voir toutes ces couronnes là-bas recouvertes de poussière et de toiles d’araignée. Nous ne pouvons pas supporter ces places vides. »

Puis, ils pourraient continuer en se disant l’un à l’autre : « Personne d’entre nous n’est en sécurité ici, car la promesse était : « Je donne la vie éternelle à mes brebis », mais un grand nombre de ces brebis est en enfer, alors que Dieu leur avait donné la vie éternelle. Beaucoup de ceux pour lesquels Christ versa son sang brûlent maintenant dans la fosse. Et s’ils ont pu y être envoyés, alors nous le pouvons aussi. Si l’on ne peut pas se reposer sur une promesse, comment le faire avec une autre ? »

Ainsi, le ciel perdrait son fondement, et s’écroulerait. Eloignez-vous avec votre évangile absurde ! Dieu nous donne un message sûr et solide, bâti sur les œuvres et les relations de l’alliance éternelle, sur les desseins éternels et leur plénitude assurée.

 

 

Par nature, personne ne viendra à Christ

« Vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie ! »

J’affirme à partir de l’autorité inspirée de mon texte que vous ne voulez pas de vous-mêmes venir à Christ pour avoir la vie. Je pourrais vous parler sans discontinuer, et emprunter l’éloquence de Démosthène ou de Cicéron. Vous ne voudriez cependant pas venir à Christ.

Je pourrais vous implorer à genou avec des larmes aux yeux, vous montrer les horreurs de l’enfer et les joies du ciel, la pleine perfection de Christ, et votre perdition. Toutefois, aucun d’entre vous ne viendrait de lui-même à Christ à moins que l’Esprit, qui reposait sur Christ, ne vous attire. Il est vrai de tous les hommes dans leur condition naturelle qu’ils ne veulent pas venir à Christ.

Mais il me semble entendre un de ces discoureurs me poser une question : « Ne pourraient-ils pas venir s’ils en avaient envie ? » Mon ami, je vous répondrai une autre fois. Ce n’est pas la question ici, car je parle de la volonté, et non de la capacité. Vous remarquerez qu’à chaque fois où l’on parle du libre arbitre, ses adeptes commencent aussitôt à parler de capacité et mélangent deux sujets qu’il faut garder séparés.

Je ne prendrai pas deux sujets à la fois, et je refuse de combattre sur les deux fronts en même temps, si vous me le permettez. Je traiterai un autre jour le texte : « Nul ne peut venir si le Père ne l’attire », mais pour l’instant, c’est la volonté qui nous occupe. Et il est sûr que personne ne veut de soi-même venir à Christ pour avoir la vie.

Je pourrais prouver cela de plusieurs textes de l’Écriture, mais je prends une seule parabole.

Vous vous rappelez celle dans laquelle un certain roi tint un festin pour son fils, et convia un grand nombre d’invités à venir. On tua les bœufs et les veaux gras, et on envoya des messagers pour annoncer aux invités que le repas était prêt. Vinrent-ils au festin ? Non. Tous, comme d’un même accord, trouvèrent une excuse. L’un dit qu’il venait de se marier, et ne pouvait donc pas venir. Il aurait pu amener son épouse avec lui. Un autre avait acheté un attelage de bœufs, qu’il devait aller essayer. Pourtant, le festin avait lieu pendant la soirée, et il ne pouvait tester ses bœufs dans l’obscurité.

Un autre encore avait décidé d’offrir ce festin. Il dit alors à son serviteur : « Va dans les chemins et le long des haies, et… Invite-les » ? Non, pas « invite-les », mais « contrains-les  d’entrer ». En effet, même les pauvres hères, déguenillés et couchant dans les haies, ne seraient jamais venus si on ne les avait pas contraints.

Prenons une autre parabole : « Un homme avait une vigne. Au temps fixé, il envoya un de ses serviteurs pour en percevoir le fermage. Que lui firent les vignerons ? Ils battirent ce serviteur. Le maître envoya un autre, qu’ils lapidèrent, puis troisième, qu’ils tuèrent. Enfin, il dit : Je leur enverrai mon fils, ils respecteront. » Mais que firent-ils ? Ils se dirent : «  Voici l’héritier ; tuons-le, et jetons-le hors de la vigne. » C’est ce qu’ils firent. Il en est ainsi de tous les hommes par nature. Le Fils de Dieu est venu, mais ils l’ont rejeté. « Vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie ! »

Il nous faudrait trop de place pour mentionner d’autres preuves de l’Écriture. Nous ferons cependant référence à la grande doctrine de la chute. Quiconque croit en l’entière liberté de la volonté humaine,, et en la capacité qu’a l’homme de s’en saisir pour parvenir au salut, ne croit pas à la chute. Comme je l’ai parfois dit, peu de pasteurs croient absolument à la doctrine de la chute. Ou bien ils pensent que, lors de sa chute, Adam se cassa seulement le petit doigt. Pour eux, il ne se brisa pas le cou ni ne ruina sa race. Mais mon ami, la chute détruisit entièrement l’homme et ne lui laissa pas une seule faculté intacte.

Tout a été brisé, avili et souillé.

Comme pour un ancien temple majestueux, les piliers sont encore là, ainsi que la flèche, les colonnes et le pilastre. Mais ils sont tous démolis, même si certains gardent quelque chose de leur forme et de leur position initiales. La conscience de l’homme garde parfois une grande partie de sa sensibilité, mais elle est déchue. De même, la volonté n’en est pas exempte. Lisez La Guerre Sainte de Bunyan si vous voulez vous en convaincre.

Votre nature déchue a été détraquée, et votre volonté, parmi d’autres choses, s’est complètement détournée de Dieu. La meilleure preuve de la réalité de mes propos tient dans le fait que vous n’avez jamais rencontré de chrétien authentique qui vous dise être venu à Christ sans que Christ ne soit d’abord venu à lui. Vous avez entendu un grand nombre de sermons faisant appel au libre arbitre, j’en suis sûr, mais jamais une seule prière qui se repose sur cette base. En effet, les chrétiens authentiques se ressemblent tous quand ils prient, en parole, en acte et en esprit. Un adepte du libre arbitre à genoux prie exactement comme celui qui n’y croit pas. Il ne peut pas prier au sujet de ce libre arbitre, car ce dernier n’a aucune place dans la prière.

Imaginez un homme prierait ainsi : « Seigneur, je te remercie de ne pas m’avoir fait comme ces adversaires présomptueux. Seigneur, je suis né avec un merveilleux libre arbitre, avec la force de me tourner de moi-même vers toi. J’ai fait progresser la grâce que tu m’as donnée. Si tout le monde avait fait comme moi avec cette grâce, ils seraient peut-être tous sauvés. »

« Seigneur, je sais que tu ne forces pas notre volonté si nous ne voulons pas de nous-mêmes. Tu accordes la grâce à tout le monde, et certains n’en font rien de bon, mais je ne suis pas comme eux. Beaucoup iront en enfer, qui ont pourtant été rachetés par le sang de Christ tout autant que je le suis. Ils ont reçu la même mesure d’Esprit-Saint, ils avaient une chance aussi bonne, et étaient aussi bénis que moi. Ce n’est pas ta grâce qui fit la différence ; oui, je sais qu’elle a fait une grande part, mais c’est moi qui ai pris le tournant. Je me suis servi de ce que j’avais reçu, alors que d’autres n’ont pas fait de même. C’est là que se trouve la différence entre eux et moi. »

Voilà une prière pour le diable, car personne d’autre ne peut offrir un tel blasphème. Ah ! Les chrétiens peuvent annoncer de fausses doctrines lorsqu’ils prêchent ou parlent entre eux, mais jamais lorsqu’ils ne peuvent les retenir. Si quelqu’un parle très calmement, il peut parler d’une manière très raffinée, mais lorsque le sujet agite ses lèvres, les vieilles expressions de son terroir ressortent.

Je vous demande à nouveaux, avez-vous jamais rencontré un chrétien qui affirme : « Je suis venu à Christ sans la puissance de l’Esprit » ? Si jamais vous avez rencontré une telle personne, n’hésitez pas à lui répondre : « Je peux vous croire, et je ne doute pas que vous soyez aussi reparti sans la puissance de l’Esprit. Vous ne connaissez rien de la question. Vous êtes toujours dans le fiel de l’amertume et le lien de l’iniquité. »

Est-ce que j’entends un chrétien dire : « J’ai cherché Christ avant qu’il me cherche. Je suis allé à l’Esprit, mais il n’est pas venu à moi » ? Non, mon ami, nous devons tous, chacun d’entre nous si nous avons été régénérés, mettre la main sur le cœur et dire :

« Pour nous, nous l’aimons,
Parce qu’il nous a aimés le premier. »

 

Une dernière question : Ne trouvons-nous pas, même après être venus à Christ, que notre âme n’est pas libre, mais qu’elle est gardée par Christ ? Ne passons-nous pas, même aujourd’hui, par des moments où nous n’avons pas la force de vouloir ? Il y a dans nos membres une loi qui lutte contre la loi de notre esprit. Or, si tous ceux qui sont spirituellement vivants sentent l’opposition de leur volonté à Dieu, que faut-il dire de celui qui est « mort par ses offenses et par ses péchés » ? Ce serait une parfaite absurdité que de mettre les deux au même niveau, et davantage encore de placer le mort avant le vivant.

Non, le texte est vrai, et notre expérience l’appuie dans notre cœur. « Vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie ! »

 

Il me faut maintenant vous donner les raisons pour lesquelles les hommes refusent de venir à Christ.

Pour commencer, aucun homme ne pense par nature avoir besoin de Christ. Par nature, l’homme s’imagine pouvoir se passer de Christ. Il pense posséder une robe de justice qui lui soit propre, être bien habillé. Il ne se voit pas dénudé, mais se pense sans besoin de la purification du sang de Christ. Il n’est à ses yeux ni noir ni cramoisi, et n’a pas besoin de grâce pour le purifier. Personne ne connaît son réel besoin avant que Dieu ne le lui montre, et personne ne recherche le pardon avant que l’Esprit-Saint ne lui en révèle la nécessité. Je pourrais prêcher Christ sans discontinuer mais, à moins que vous ne ressentiez votre besoin de lui,  vous ne viendrez jamais à lui. Un pharmacien peut avoir une boutique bien achalandée, mais personne n’achètera ses médicaments avant d’en ressentir le besoin.

Les hommes n’aiment pas non plus le moyen par lequel Christ sauve. L’un dit : « Je n’aime pas cette voie car il me rendra saint. Je ne pourrai plus boire ni jurer s’il me sauve. » Un autre avance : « Cela me demande d’avoir une conduite stricte et gardée, alors que je préfère avoir plus de liberté. »

Tel autre n’aime pas la voie de Christ car elle est trop humiliante. La « porte du ciel » n’est pas tout à fait assez haute pour sa tête, et il n’aime pas se baisser ! La raison principale pour laquelle vous ne voulez pas venir à Christ, c’est que vous ne pouvez pas le faire avec la tête haute. Christ vous fait baisser la tête lorsque vous venez.

Tel autre homme n’aime pas que ce soit une voie de grâce du début à la fin. « Oh, dit-il, si seulement je pouvais en retirer un peu d’honneur ! » Mais lorsqu’il entend que c’est tout Christ ou pas du tout Christ, il réplique : « Je ne viendrai pas », et il s’éloigne. Ah ! Pécheurs orgueilleux, vous ne voulez pas venir à Christ !

Pécheurs ignorants, vous ne voulez pas non plus venir à Christ, parce que vous ne savez rien de lui. Les hommes ne connaissent pas sa valeur, sinon, ils viendraient à lui. Pourquoi les marins n’allaient-ils pas en Amérique avant Christophe Colomb ? Parce qu’ils ne croyaient pas qu’il existait une telle chose. Christophe Colomb avait de la foi dans le fait qu’il trouverait une terre, c’est pour cela qu’il partit.

Celui qui a la foi en Christ vient à lui. Mais vous ne connaissez pas Jésus, et beaucoup d’entre vous n’ont pas vu la beauté de son visage. Vous n’avez jamais réalisé la valeur qu’a son sang pour le pécheur, ni la grandeur de son sacrifice ou la pleine perfection de ses mérites. Ainsi donc, « vous ne voulez pas venir à lui ».

Ami lecteur, ma dernière pensée est solennelle. J’ai affirmé que vous ne voulez pas venir, mais certains diront : « Ils refusent de venir à cause de leur péché. » Oui, c’est vrai. Vous ne voulez pas venir, mais votre volonté est une volonté pécheresse. Certains pensent que j’offre une excuse au pécheur lorsque je prêche cette doctrine, mais ce n’est pas le cas.

Je n’affirme pas que la volonté pécheresse appartienne à la nature originale de l’homme, mais à sa nature déchue. C’est le péché qui vous a amené dans cette condition où vous refusez de venir. Si vous n’aviez jamais péché, vous viendriez à Christ dès l’instant où il vous serait annoncé. Mais vous ne venez pas à cause de votre péché et de votre crime. Les gens s’excusent à cause de leur mauvais cœur. C’est l’excuse la plus faible du monde. Le vol et le cambriolage ne viennent-ils pas aussi d’un mauvais cœur ? Imaginez qu’un voleur dise à son juge : « Je n’y peux rien, j’ai un cœur mauvais. » Que répondra le juge ? « Vaurien, si ton cœur est mauvais, j’alourdis la sentence car tu es vraiment un voyou. Ton excuse ne vaut rien. » Le Tout-Puissant : « rit, et se moque du méchant. »

Je ne prêche pas cette doctrine pour vous excuser, mais pour vous humilier. La possession d’une nature mauvaise est tout autant votre responsabilité que votre terrible malheur. Leur refus de venir à Christ est un péché qui sera toujours retenu contre les hommes, car c’est le péché qui les retient. Je crains que celui qui ne prêche pas cela ne soit fidèle ni à Dieu ni à sa conscience.

Réfléchissez donc, et dites-vous : « Je suis par nature si pervers que je ne veux pas venir à Christ, et cette méchante perversion de ma nature est mon péché. Je mérite d’être envoyé en enfer pour cela. »

Et si cette pensée ne vous humilie pas, sous l’action de l’Esprit, alors rien ne le pourra.

Que Dieu humilie chacun de nous.

 

 

 

 

 

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