Athanase, héros de la foi (Part 3)

Le Concile de Nicée (325)

Alors que jusqu’à présent, l’Eglise n’avait connu que des conciles locaux (comme le concile de Rome pour combattre les donatistes), le concile de Nicée va être une première, car il sera un concile général. Il s’y réunit plus de 250 évêques du monde entier pour traiter principalement du problème de l’Arianisme. La réaction contre une telle hérésie fut vive, mais la grande difficulté à laquelle fut confronté le concile fut de savoir comment formuler avec clarté et respect des écritures un credo qui contiendrait une christologie Orthodoxe. Le concile dura de fin Mai 325 au 25 aout 325. Les deux principales parties qui  luttèrent  lors du concile furent :

1)      Le  clan arien  composé principalement d’Arius, Secundus, Theonas, Eusébe de Nicoidémie, Theognis (évêque de Nicée), Maris de Chalcedoine (Les trois derniers furent des élèves de Lucian)).

2)      Le clan orthodoxe  était moins large (une trentaine maximum à la fin du concile), il était mené par Alexandre (Athanase était alors son secrétaire).

Lors de l’écriture de la formule de Nicée, ce fut Athanase qui fut à l’origine de l’utilisation du terme  “ὁμοούσιον”.

Le credo fut signé, et on a pu retrouver qu’une vingtaine de signatures [1]. Le concile était en fait divisé en trois clans, les deux premiers que nous avons vus, et un troisième appelé conservateurs (la plupart étant Origenistes) dont les membres n’étaient pas conscients de la gravité d’une telle question doctrinale, ils étaient plus intéressés par leur libelli [2] que par ces questions christologiques.

Phare_AlexandrieMais, au grand étonnement de tous, ces conservateurs  réagirent fortement contre la doctrine arienne, et ce n’est que lorsque Constantin I décida d’un jour pour accepter les complaintes des évêques et qu’il brûla le libelli en présence de l’assemblée, que le concile put se mettre entièrement au travail pour travailler sur une formule. Ce symbole (ou formule) fut le “résultat de longues délibérations, de vives luttes et d’un scrupuleux examen, comme le dit l’empereur lui-même, et nous a été conservé avec l’anathème qui y était joint, par Eusèbe, dans la lettre qu’il écrivit à son Eglise et… par Socrate, par Gélase, et par d’autres. (…) Tous les évêques, cinq exceptés, se déclarèrent incontinents prêt à souscrire ce symbole, dans la conviction que cette formule renfermait l’antique foi de l’Eglise apostolique. Cette conviction fut si générale que l’évêque novatien Acésius, quoique séparé de l’Eglise pour des motifs de discipline, rendit témoignage à la vérité dogmatique et adopta le symbole sans condition, en disant : ‘Le concile n’a rien introduit de nouveau dans cet acte, ô empereur ; on a cru de cette manière depuis les temps apostoliques.’. ” [3]

Le concile se termina alors par un banquet somptueux organisé par l’Empereur au cours duquel les évêques réfractaires (Arius et d’autres) furent condamnés à l’exil. Le concile traita aussi des questions de la date de la Pâque. En effet voici, ce que dit l’empereur Constantin à ce sujet au Concile de Nicée :

“La Pâque Chrétienne doit être célébrée le même jour par tous ; et pour le calcul de la date, il ne faut faire aucune référence aux Juifs. Ce serait humiliant et de plus il est possible pour eux d’avoir deux Pâques une même année. En conséquence, les Églises doivent se conforter aux pratiques suivies par Rome, l’Afrique, l’Italie, l’Égypte, l’Espagne, les Gaules, les Bretagnes, la Libye, la Grèce, le diocèse d’Asie, le Pont et la Cilicie.”[4]

Et Athanase dira sur ce point : “…le concile fut réuni à propos de l’hérésie arienne et de la Pâque, parce que les chrétiens de Syrie, de Cilicie et de Mésopotamie étaient en désaccord avec nous [Alexandrie] et faisaient la fête au temps où les Juifs la font. ”[5]

Il fut aussi régler, lors du Concile de Nicée, le problème du schisme de l’église d’Egypte avec les évêques qui avaient été ordonnés par Mélèce. Le Concile  accepta leur réintégration avec les conditions suivantes :

1)      Leur poste doit coïncider avec un besoin réel.

2)     Ils doivent avoir l’accord de la population égyptienne.

3)     Ils doivent avoir l’accord de l’évêque d’Alexandrie.

On retiendra donc surtout de ce concile, son symbole. Symbole que nous continuons à confesser et qui contient finalement un test d’orthodoxie (dont la “pointe d’orthodoxie” nous vient de la plume d’Athanase) quand à une bonne compréhension de la christologie biblique. Voici le symbole de Nicée :

Je crois en un seul Dieu, le Père tout puissant,
Créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible,
Je crois en un seul Seigneur, Jésus Christ,
le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles :
Il est Dieu, né de Dieu, lumière, né de la lumière,
Vrai Dieu, né du vrai Dieu
Engendré non pas créé,
de même nature que le Père [6] ;
et par lui tout a été fait.
Pour nous les hommes, et pour notre salut, il descendit du ciel;
Par l’Esprit Saint, il a pris chair de la Vierge Marie,
et s’est fait homme.
Crucifié pour nous sous Ponce Pilate,
Il souffrit sa passion et fut mis au tombeau.
Il ressuscita le troisième jour,
conformément aux Ecritures, et il monta au ciel;
il est assis à la droite du Père.
Il reviendra dans la gloire, pour juger les vivants et les morts
et son règne n’aura pas de fin.
Je crois en l’Esprit Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie;
il procède du Père et du Fils [7].
Avec le Père et le Fils, il reçoit même adoration et même gloire;
il a parlé par les prophètes.
Je crois en l’Eglise, une, sainte, catholique et apostolique.
Je reconnais un seul baptême pour le pardon des péchés.
J’attends la résurrection des morts, et la vie du monde à venir.
Amen”

 …à suivre….

 

[1] The Nicene and Post-Nicene Fathers  Second Serie, Athanasius Vol 4, p xviii (Ed. Eerdmans).
[2] Certificat de conformité qui leur garantissait d’être conforme au test religieux stipulé par l’Edit de Decius. La première persécution de l’Empire  eu lieu sous Maximin, bien que seulement le clergé ait été recherché. Ce ne fut pas avant Decius, qu'une persécution des laïcs chrétiens eu lieu au travers de l'empire. Les sources chrétiennes établissent qu'un décret fut  publié et qu’il exigeait le sacrifice public, une formalité équivalente à un testimonial de l'allégeance à l'empereur et l'ordre établi. Decius  autorisa les commissions nomades visitant les villes et les villages pour diriger l'exécution des sacrifices et pour fournir les certificats écrits à tous les citoyens qui les ont exécutés. Le refus  était puni par arrestation, emprisonnement, torture, et exécutions. Les chrétiens se sauvèrent dans des asiles sûrs, dans la campagne et certains achetérent leurs certificats, appelés libelli. Plusieurs conseils furent tenus par la suite pour discuter les points sur lesquels la communauté devait accepter ces chrétiens  qui avaient obtenus ou achetés leur libelli. Ces libelli étaient donc des preuves d’apostasie individuelles. (http://www.worldlingo.com/ma/enwiki/fr/Persecution_of_Christians)
[3] Histoires de Conciles, Dr charles Joseph Heffele, 1869, p 280-281.
[4] Lettre de Constantin in  Eusèbe, Vita Const., Lib. Iii., 18-20
[5] Ad Afros Epist. C. 2, t.I, P.II, P.713 ed. Bened. Patav. 1777.
[6] « ὁμοούσιον  » …c’est ici que se trouve l’apport le plus significatif d’Athanase dans le symbole de Nicée, et c’est ce terme qui sera finalement un test de l’orthodoxie. Ceci contrairement à « ὁμοiούσιον » que voulait utilser Eusébe et qui voulait simplement dire « nature semblable » et non « égale ».
[7] « …et du fils » fut ajoutée au Concile de Constantinople en 381.


                    

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